Pour commencer, une belle observation dans l’extrême ouest de Bretagne…
C’est lors d’un inventaire Atlas à proximité du Menez hom (Finistère, 29), avec la petite équipe finistérienne menée par Mickael, que nous avons observé un taxon fort intéressant et attendu dans un tel milieu : Metrioptera brachyptera.
Caractéristiques du taxon observé :
M. brachyptera fait partie de la sous-famille des Dectinea, pour laquelle, l’ouverture des organes tympaniques épouse la forme d’une fente ; le premier article des tarses postérieurs porte une plantule paire et libre.
Et surtout (bien identifiable) les organes du vol sont souvent quadrangulaires (comme chez P. albopunctata et P. tesselata) et sont parfois fortement réduits (comme pour le taxon présentement décrit, mais aussi Metrioptera roeselii et Pholidoptera griseoaptera).
Plus en détail, le présent taxon est décrit de la façon suivante :
Observable entre juillet et novembre (pour les adultes), cette grande espèce (atteignant 12-18 mm comme M. roeselii) est brachyptère (ailes courtes, et produisant assez rarement des individus macroptères) à élytres étroits à l’apex et ailes vestigiales.
La couleur fondamentale est brun sombre, souvent presque noir, avec le bord postérieur du pronotum normalement clair (formant un étroit liseré) et la face inférieure du corps toujours verte, le dessus (comme ici sur la face dorsale du pronotum et les tegmina) pouvant l’être aussi.
Chez la femelle (comme ici) l’oviscapte, plus long que chez M. roeselii atteignant 8-10 mm est faiblement courbé.
Écologie :
Comme son nom vulgaire l’indique (Decticelle des bruyères), cette sauterelle est liée principalement aux landes à bruyère, qu’elles soient sèches ou humides. Elle est omniprésente sur les tourbières hautes et assez fréquente également dans les formations à molinie (comme ici, voir photo ci-contre). La présence de la decticelle des bruyères en d’autres types de milieux est beaucoup plus marginale (talus de voie ferrée, friches, etc.).
Biogéographiquement, ce taxon, en tant qu’élément boréo-subalpin est d’avantage répandu dans les régions montueuses (massifs) et montagneuses (chaînes), de Bretagne et du quart nord du pays.
Son habitat (voir photo ci-dessus) vu par le phytosociologue ! :
Un peu de géobotanique descriptive, de l’habitat où à été observé le taxon.
Sur la photo, en arrière, il s’agit d’une végétation de tourbières et landes tourbeuses à Narthecium ossifragum (caractéristique de l’alliance du Erico tetralicis – Sphagnion papillosi Tüxen 1975), appartenant à la classe des OXYCOCCO PALUSTRIS – SPHAGNETEAMAGELLANICI Braun-Blanquet et Tüxen 1943 em. du Rietz 1954. Classe au sein de laquelle nous avons noté les caractéristiques de classe suivante : Drosera, rotundifolia, Erica tetralix, Molinia coerulea, et Scirpus cespitosus.
A noté aussi (visible sur la photo en avant), nous avons noté une très belle station à Drosera intermedia et Rhynchospora alba, relevant du Molinio coeruleae – Rhynchosporion albae (Koch 1926) de Foucault 1984 et correspondant à une végétation pionnière (parfois régressive) des dépressions au sein des tourbières et des landes tourbeuses. On parle aussi de végétation cicatricielle !
Bou ! quelque jargons ! …
Statut :
Durant les dernières décennies, elle a beaucoup régressé suite à la destruction de ses biotopes par l’agriculture, et peut-être aussi en raison du réchauffement climatique.
Son chant :
Les animaux se tenant généralement bien dissimulés dans la végétation dense, il peut être utile de les découvrir au chant, cependant, la stridulation des mâles est faible et peu audible au-delà de 2 mètres.
Toutefois, on peut dire que la stridulation ressemble à celle de Platycleis albopunctata. Chaque phrase se compose d’ordinaire de trois accents (“tsritt”) rapidement enchaînés. La même phrase est répétée sans cesse en longue sucessions monotones.
Voilà quelques informations générales sur ce très beau taxon, remarquable pour la Bretagne, maintenant, faites nous aussi profiter, de vos découverte, en participant au projet ATLAS (ci-après).
Après, un bon moyen de rendre l’utile (un atlas) à l’agréable (la découverte)…
www.biopix.eu – N. Sloth ©
Présentation
Les orthoptères regroupent les sauterelles, les grillons et les criquets.
En France, plus de 200 espèces sont présentes alors qu’en Bretagne une soixantaine d’espèces sont répertoriées actuellement.
Certaines sont bien connues du public comme le grillon champêtre ou la grande sauterelle verte, d’autres beaucoup moins comme le rare grillon maritime de la Manche ou encore le criquet des ajoncs.
Une des particularités de ces insectes est d’avoir une paire de pattes bien développée qui leur permettent le saut, une autre c’est de pouvoir émettre des sons très variés (qui d’ailleurs aident à leur détermination).
Les orthoptères n’ont pas tous les mêmes exigences écologiques : certaines espèces préfèrent les zones sèches : landes, milieux dunaires, d’autres des milieux humides. La plupart des espèces sont adultes entre juin et septembre en Bretagne.
La mante religieuse, le phasme ainsi que les perce-oreilles (forficules) sont des insectes assez proches des orthoptères, ils sont pris en compte dans la réalisation de cet atlas.
Contact :
- La coordination régionale est assurée par Pierre-Yves PASCO :
- pierre-yves.pasco@…
- D’autres coordinateurs départementaux sont recherchés
- Atlas des Invertébrés de Bretagne 2009-2012
Objectifs :
- Identifier les espèces présentes, leur répartition et leur état de conservation
- Améliorer les connaissances sur la biologie des diverses espèces
- Identifier des sites à enjeux pour la conservation des espèces
- Établir une liste rouge régionale
- Favoriser la prise en compte des espèces dans les politiques de conservation et les problématiques de gestion des espaces protégés.
- Surveiller l’évolution de la répartition des espèces en limite d’aire de répartition et participer ainsi à la veille écologique sur les conséquences du réchauffement climatique.
et aussi pour la France :
- DEFAUT Bernard, Eric SARDET & Yoan BRAUD (coordinateurs au titre de l’ASCETE), Catalogue permanent de l’entomofaune française, fascicule 7, Orthoptera : Ensifera et Caelifera – 2009
Mais aussi participez aux autres atlas invertébrés :
Retrouvez :
- •L’atlas des longicornes
- •L’atlas des gastéropodes terrestres
- •Le protocole commun aux 5 atlas portant sur les invertébrés
Son habitat de prédilection : les systèmes tourbeux.
Bonne prospection ! Et n’hésitez pas à communiquer vos découvertes.
Et aussi un grand merci à Mickael notre référent pour le 29 !
Clichés : Gaby AR BRAZ – APN Canon G9 – Ecosystema.fr ©
Dans le texte :
- Habitat : GLB, en nature : http://www.biopix.eu
Sources :
- BELLMANN & LUQUET, Guide des Sauterelles, Grillons et Criquets d’Europe occidentale – 1995-2009
- CHINERY M., Insectes de France et d’Europe occidentale – 1988
- CORAY & THORENS, Fauna helvetica : Orthopetera identification – 2001
- DEFAUT B., Synopsis des orthoptères de France. Matériaux entomocénotiques – 1997
- DEFAUT B., La détermination des Orthoptères de France – 2001
web 2.0 :
- http://www.ascete.org
- http://www.biopix.eu
- http://www.commanster.eu/commanster.html
- http://biodiversite.wallonie.be
- http://www.afblum.be/bioafb/especes/tettigon/tettigon.htm
CC BY-NC-ND