Close

À la découverte des Fungi communs du massif Armoricain : une fin de maigre saison, mais un plaisir à renouveler

Lactarius sp.

Pour terminer ma saison « phare » de Fungi (vern. : champignons), je vous fais découvrir quelques taxons observés en Finistère, sur quartzites et boisement de feuillus et résineux ombragés – avec une forte aérohygrophilie stationnelle – à proximité de la Roche-Maurice. Merci sincèrement à Lila.

Gaby Ar Braz le 26 novembre 2022

Le mois de novembre marque sous forêt, la nette diminution d’observations mycologiques et même si, rappelons-le : cette année – peut-être en raison d’une très faible pluviométrie – les champignons n’ont pas été au rendez-vous.

Comme évoqué couramment, mon intention n’est pas de vous présenter des Fungi exceptionnels, non ! seulement de vous inciter à la découverte d’un règne riche en forme et en couleur. Un moyen aussi d’égayer ses sorties dans les bois et autres habitats semi-naturels, et de diversifier la démarche naturaliste.

Nomenclature

Les noms scientifiques des différents taxa suivent la nomenclature, selon EYSSARTIER G. (2017).

Remerciements

Enfin, merci à Chris, la maman de Lila (cette dernière est l’autrice de certaines photos de cet article) pour la visite de son parc.
Un grand et inestimable remerciement à Chris qui a retrouvé mon déclencheur souple Nikon perdu dans la litière 😱.

Généralités sur les Fungi

Les caractères biologiques de ce Règne (= Phylum) vivant, constitué par l’ensemble des Fungi sera traité dans un post à part. Toutefois – en introduction – ces derniers représentent un ensemble vivant particulier, par la suite de leur organothrophie et d’autres caractères qui leur sont propres, et les séparent incontestablement du Règne des plantes auquel ils étaient – à tort – autrefois rattaché.

Nous allons traiter les champignons principalement observés selon les grands « groupes » de Fungi, observables dans leur milieu (ou habitat).
Pour plus de détails, veuillez vous reporter à l’article ci-après :
[Les groupes de Fungi]


Observations du jour

Groupe des Phragmo-Basidiomycètes

Les grandes espèces de ce groupe se distinguent par leur consistance gélatineuse ou caoutchouteuse, leur forme pouvant varier fortement. La plupart sont en forme de coussin, de cupule ou de croûte, mais elles peuvent aussi prendre une forme crépue, de langue, de massue, de gouttes, etc.
Sur le plan microscopique, ces Fungi se distinguent par des basides, cellules reproductrices, cloisonnées transversalement ou longitudinalement. Les spores meuvent donner des spores secondaires. Ces caractères sont spécifiques du groupe.

Dacrymyces cf. stillatus

Dacrymices cf. stillatus

Caractéristiques : Ces Fungi ont une forme de « pustules » de 0,5-3 mm, ayant comme ici (voir cliché) tendance à s’agglutiner et pouvant alors former des masses plus importantes, gélatineux, jaune à jaune orangé. Le pied est absent et la chair est gélatineuse.
Habitat : sur tronc décortiqué de feuillus et de conifères.
Remarque : le genre comprend une dizaine d’espèces en Europe et, est impossible, pour ainsi dire, à identifier sans microscope. Mais D. stillatus est sans doute le plus commun d’entre eux.

Groupe des Clavaires, Ramires, Chanterelles et Hydnes

Clavula cf. rugosa (vern. : Clavaire rugueuse)

Clavula cf. rugosa

Caractéristiques : ce taxon a une forme de petite massue de 1,5-11 × 0,4-2 cm, non ou peu ramifiée, blanche, à surface remarquablement rugueuse, parfois avec des côtes ou sillonnée. La chair est blanche et molle. La saveur est douce et l’odeur faible.
Habitat : sur les chemins ou dans les bois sous conifères, plus rare sous feuillus.
Confusion possible : les clavula revêtent des formes variables et peuvent être difficiles à distinguer. On notera que C. rugosa est plus haut, avec un petit nombre de ramifications courtes en haut, fréquent dans les forêts de résineux.
C’est un Fungi peu commun.

Craterellus tubaeformis (syn. : Cantharelus tubiformis) (vern. : Chanterelles en tube)

Basidiome (= sporophore des Basidiomycètes) en entonnoir, peu charnu, gris-bruns. Plis ocre à jaunes
Description : Basidiome plus ou moins creusé à maturité, atteignant huit centimètres de haut et quatre centimètres de diamètre. Marge flexueuse, fine. Surface lisse à fibrillo-squamuleuse, gris-bruns à ocre jaunâtre au bord, parfois plus uniformément jaunâtre.
Plis fourchus, gris jaunâtre à jaune assez vif. Stipe plein ou peu fistuleux, élancé, souvent pincé, gris jaunâtre ou jaune assez vif.
Chair plutôt mince. Odeur faible.
Saison : juin-décembre.
Habitat : forêts de conifères et aussi sous feuillus.
Distribution : large, mais fréquence inégale. Fungi commun.
Confusion possible : ce taxon est caractérisé par un aspect en trompette, des plis bien formés et un pied plus ou moins jaune. À cela, Craterellus cinereus ressemble beaucoup par la forme et la taille, mais elle est entièrement grise. Par conséquent avec des petits Cortinarius spp. du groupe des dermocybes.

Hydmum repandum (vern. : Pied de mouton, Barbe-de-chèvre, Langue-de-veau…)

Hydne charnu, irrégulier, blanc à ochracé ou roux. Aiguillons cassants.
Description : Basidiome stipité, terricole, blanchâtre à crème ochracé, parfois plus roussâtre ou rougeâtre. Chapeau jusqu’à 15 cm, souvent lobé, irrégulier, mat ou feutré, cabossé ou craquelé. Aiguillons jusqu’à 3 mm, cassants, blancs puis beige rosâtre. Stipe 2-7 × 1-4 cm, cylindracé ou irrégulier, souvent cabossé ou pincé, ferme, charnu, un peu cassant. Chair blanche ou très pâle, un peu jaunissante ou brunissante en bas du stipe, cassante.
Saison : juin – novembre.
Habitat : feuillus et conifères.
Distribution : Large. Espèce courante.
Confusion possible : avec ses petits aiguillons blancs, sa couleur pâle et sa chair friable, ce taxon ne peut se confondre avec aucun autre Fungi. Certains auteurs considèrent la forme orangée, plus petite, comme une espèce à part (H. rufescens). Sur les sols calcaricole pousse H. albidum, tout blanc, avec des spores plus petites.

Groupe des Champignons charnus à tubes (Boletaceae) et espèces proches

Se référer à la Clef des Boletaceae : [Clef des Boletaceae d’Armorique]
Les caractères constants de cette famille sont essentiellement : chapeau convexe, charnu, tubes adnés, horizontaux, pores fins, concolores aux tubes, stipe plein, ferme, chaire épaisse, odeur et saveur insignifiantes.

Imleria badia (syn. : Xerocomus badius) (vern. : Bolet bai)

Chapeau brun chaud, parfois lubrifié. Pores jaunes, bleuissants. Stipe assez robuste.
Description : chapeau 4-12 cm, visqueux, séchant par temps sec, alors velouté, brun chaud. Tubes adnés, horizontaux. Pores jaunes ou jaune verdâtre, bleuissant fortement à la pression et au froissement. Sporée brun olive.
Stipe 3-10 × 1×3 cm, relativement robuste, jaune en haut, plus roux ou orangé brunâtre par la base.
Chair assez épaisse, ferme, blanchâtre à jaunâtre, un peu bleuissant à la coupe.
Saison : juillet – novembre.
Habitat : feuillus et conifères ; assez ubiquiste, mais plus rare sous feuillus, sur sol non calcaire.
Distribution : large, mais, fréquence inégale. Ce taxon est commun.
Intérêt pratique : c’est un accumulateur de césium radioactif dans les régions concernées ! À consommer avec modération.
Confusion possible : pourrait être confondu avec B. edulis (voir ci-après) dont le chapeau, plus grand, est de couleur jaune ou brunâtre aux reflets olivacés.

Boletus edulis (vern. : Cèpe de Bordeaux)

Charnu. Chapeau noisette à marginelle blanche. Pores pâles. Stipe réticulé.
Description : Chapeau 5-25 cm, lubrifié puis sec, souvent cabossé, noisette, parfois pâle ou marbré de zone plus claires, à marginelle blanche.
Pores blancs puis jaunâtres ou lavés d’olivacé, immuables. Sporée brun olive.
Stipe 5-20 × 2-8 cm, obèse puis cylindracé ou clavé, réticulé de blanc à ochracé pâle.
Saison : juillet – octobre.
Habitat : feuillus, conifères, parfois en lisières.
Distribution : large. Espèce commune, mais plus rare vers le nord.
Remarques : il existe des variations de coloration : tout blanc (f. albus) ou tout jaune (f. citrinus).

Groupe des Russules et Lactaires

Les Russulaceae sont remarquablement homogènes ; chair constituée en majorité de sphérocytes, d’où chair à texture grenue cassante.
Russules et Lactaire sont enfantins à reconnaître comme genres (sur le terrain, le stipe se brise comme un morceau de craie, sans faire de filaments ni fibres).
Les russules sont un genre répandu : il existe en Europe environ 150 Lactarius spp.
Les espèces sont difficiles à distinguer ; les premiers critères sont souvent la teinte, le goût (doux ou brûlant), la teinte des spores, l’odeur, et l’arbre sous lequel pousse le Fungi.
Ce genre est très commun et très répandu dans les forêts, depuis les tropiques jusqu’au nord de l’arctique. Ils forment des mycorhizes et jouent de ce fait un rôle important dans le développement des forêts.

Lactarius spp. & Lactifluus spp. :
Des recherches récentes ont montré que le genre Lactarius était en réalité formé de deux groupes distincts, l’un composé d’espèces essentiellement extra-européennes (Lactifluus), l’autre d’espèces surtout inféodées aux régions tempérées (Lactarius).


Sources bibliographiques personnelles :

Ouvrage de référence : Guide des champignons – France et Europe – 4ᵉ édition – EYSSARTIER G. (2017) aux éditions Belin.

  • Champignons de France et d’Europe occidentale – BON M. (1988)
  • Dictionnaire : Plantes & Champignons – BOULLARD B. (1997)
  • Ecologie des Champignons – DURRIEU G. (1993)
  • Guide des champignons de France et d’Europe – COURTECUISSE R. (1994)
  • Les champignons dans la nature – 230 espèces et plus de 300 photographies couleurs in situ – KNUDSEN H. & PETERSEN J. H. (2005)
  • Photo-guide des Champignons d’Europe – COURTECUISSE R. (2000)

Crédit Photographique :

  • Gaby AR BRAZ Dirlem – Nikon D700 – Ecosystema.fr ™ ©
  • Lila VINCOT-ABIVEN – PhotoPhone Oppo – Ecosystema.fr ™ ©
    • Remarque : les clichés ont été réalisés le 20 novembre 2022 dans le Finistère dans une forêt de Pinophytes (dont conifères) et Angiospermes (dont feuillus).

Glossaire :

  • Ascomycètes : Fungi dont les spores prennent naissance dans un asque, cellule en forme de sac, contenant le plus souvent huit spores. C’est un imposant groupe de Fungi, mais certains sont si petits que l’on ne peut les étudier qu’au microscope. Dans ce « post » nous avons réuni les deux dans un même groupe (soit avec les Pyrénomycètes).
  • Basidiomycètes : Fungi produisant leurs spores à l’extérieur de la cellule fertile, nommée baside. Les basides généralement en forme de massue, produisent le plus souvent quatre spores par baside, et sont formées par millions sur les faces des lamelles. En grande partie, les Fungi traités en font partie, à l’exception des Ascomycètes et des Pyrénomycètes.
  • Carpophore : Partie visible du Fungi, que nous appelons communément « champignons ». Le reste du Fungi est sous la terre, et porte le nom de mycélium.
  • Hyménium : Surface fertile du Fungi. Par abus de langage, concerne également la structure supportant cette surface (lames, tubes, etc.), dont le nom exact est Hyménophore.
  • Mycélium : Partie du Fungi qui pousse dans la terre. Il est formé d’hyphes. Il forme un réseau finement ramifié, comme une toile d’araignée, permettant au Fungi d’absorber de l’eau et des nutriments sur une grande surface. Le mycélium constitue environ les neuf dixièmes du Fungi, le reste étant le carpophore.
  • Mycorhize : Relation symbiotique entre un Fungi et une plante. Les hyphes des Fungi se développent sur des racines de l’arbre, et les deux organismes peuvent faire des échanges d’eau et de substances nutritives.
  • Spores : Elément reproducteur des Fungi. Elles sont formées sur les lamelles, dans les tubes, sur les aiguilles, dans les asques (Ascomycètes), les périthèces (Pyronomycètes), sur le chapeau des phalles, à l’intérieur du carpophore chez la vesse-de-loup. Elles sont microscopiques, mesurant de l’ordre de 0,01 mm de longueur, et peuvent avoir des formes variables, plus ou moins ovoïdes. Elles peuvent prendre différentes teintes, ce qui est un critère important, pour distinguer les espèces.

Leave a Reply