C’est lors d’un inventaire Atlas que j’ai observé cet Odonate, très facile à identifier, à proximité de la ville de Brest dans une mégaphobiaie eutrophe. Désolé pour la qualité moyenne de la photo faite avec un APN.
Il s’agit de Ceriagrion tenellum (ou Agrion délicat), dont ce sont les seuls zygoptères combinant l’absence de tache postoculaires, des pattes et des ptérostigmas rouges et habituellement un abdomen (partiellement) rouge. L’espèce peut être confondu avec Pyrrhosoma nymphula, plus robuste et ayant en outre des ptérostigmas noirs et un thorax et un abdomen de couleur différente.
Cette espèce vole peu et reste souvent dans la végétation, généralement à proximité immédiate de l’eau.
Ici l’individu a été observé en bord d’étang sur Juncus effusus en début de mâtiné par beau temps. À noter que les populations de cet Agrion sont à leur optimum dans les pièces d’eau pourvues d’une abondante végétation herbacée (Carex sp., Juncus sp., Equisetum et Sphagnum sp.)
Cette espèce vol de fin mai à début septembre avec un pic entre juillet et mi-août (notre cas ici).
Présentation :
Avec une centaine d’espèces en France et une cinquantaine en Bretagne, les odonates constituent, parmi les invertébrés, un des groupes les plus faciles à maîtriser pour un amateur.
Si des espèces communes peuvent être identifiées assez facilement par l’observation à l’œil nu ou aux jumelles, il ne faut toutefois pas sous-estimer les difficultés de détermination de certains groupes d’espèces qui demandent un examen attentif après capture temporaire pour une identification sûre. Mais il n’y a là rien d’insurmontable avec les ouvrages de déterminations récents et avec les conseils de personnes plus expérimentées.
Attention toutefois, deux espèces protégées sont connues en Bretagne : L’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) et la Cordulie à corps mince (Oxygastra curtisii), leur capture est donc interdite par la loi. Il convient donc de ne pas capturer les agrions colorés de bleu azur le long des petits ruisseaux, ni les Cordulies patrouillant inlassablement le long des berges des rivières…
La présence des odonates dans la quasi-totalité des milieux aquatiques d’eau douce en fait un groupe très intéressant pour révéler l’état de conservation de ces milieux qui se sont manifestement fortement dégradés en Bretagne dans les dernières décennies. La répartition générale des odonates est assez bien connue en France, mais il s’agit de cartographies sur un maillage plus grossier. Seule une cartographie plus fine au maillage UTM 10km par 10km permettra d’avoir des résultats assez précis au niveau régional pour repérer les zones à enjeux de conservation, les zones dégradées et les évolutions dans le temps de certaines distributions.
La constitution à l’issue de cet atlas d’une liste rouge régionale serait aussi un outil très important pour aider à une meilleure prise en compte de ces espèces dans les politiques de préservation de la biodiversité.
Atlas des Invertébrés de Bretagne 2009 -2012
Objectifs :
- Identifier les espèces présentes, leur répartition et leur état de conservation
- Améliorer les connaissances sur la biologie des diverses espèces
- Identifier des sites à enjeux pour la conservation des espèces
- Etablir une liste rouge régionale
- Favoriser la prise en compte des espèces dans les politiques de conservation et les problématiques de gestion des espaces protégés.
- Surveiller l’évolution de la répartition des espèces en limite d’aire de répartition et participer ainsi à la veille écologique sur les conséquences du réchauffement climatique.
La répartition du taxon en Bretagne suite à l’INVOD coordonnée par la SFO* (Coord. A. MANACH) :
En Bretagne Ceriagrion tenellum est assez localisée (considérée comme peu commune) mais parfois extrêmement abondante, cette espèce est bien répartie sur l’ensemble de la région. Elle apprécie particulièrement les tourbières, les fossés, les suintements et les queues encombrées de végétation des étangs.
En France il n’est pas réellement menacé, mais il conviendrait de surveiller ses populations et ses habitats.
Elle se trouve souvent en compagnie d’O. coerulescens.
Les bords des cours des cours d’eau seraient également à prospecter.
Sa répartition en France :
Deux ouvrages à consulter (“cliquez” dessus pour avoir un commentaire “Actualités nature”) :
Et aussi :
- Guide d’identification des libellules de France, d’Europe septemtrionale et centrale de WENDLER A. & NÜSS J.-H., 1997,
- Guide des Libellules d’Europe et d’Afrique du Nord de D’AGUILAR J. & DOMMANGET J.-L., 1998 (épuisé).
- Bonne prospection ! Et n’hésitez pas à communiquer vos découvertes.
Clichés :
- En médaillon : Gaby AR BRAZ – APN Canon G9 – Ecosystema.fr ©
Sources :
- GRAND D. & BOUDOT J.-P. – Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg, Parthénope Collection
- DIJKSTRA K.-D.B. – Guide des libellules de France et d’Europe – Delachaux et niestlé
- MANACH A. (coord.) – Atlas préliminaire des Odonates de Bretagne, SFO
- web 2.0 :
- http://www.libellules.org
- http://www.galerie-insecte.org/galerie/ceriagrion_tenellum.html
CC BY-NC-ND