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Les tiques piquent les naturalistes ! éléments de connaissance, et est-ce un réel danger ?

Les tiques sont le vecteur de nombreuses maladies. En France, les affections les plus fréquentes sont la maladie de Lyme et la fièvre boutonneuse méditerranéenne ; parmi les maladies infectieuses émergentes, la babébiose tient une place à part : elle est dangereuse pour les splénectomisés.

La maladie de Lyme est une infection bactérienne polymorphe. Certaines formes sont caractéristiques comme l’érythème chronique migrant ou la méningoradiculite ; d’autres manifestations sont d’origine plus incertaines. La notion d’une morsure de tique et la spécificité du métier de Naturaliste, constituent des arguments de présomption renforcée par la détection des anticorps spécifiques.

En France, on dénombre pas moins qu’une quarantaine d’espèces de tiques. Les Ixodida (du grec ancien ἰξώδης / ixôdês, « gluant »), appelées couramment tiques, sont un ordre d’arachnides acariens (ce n’est pas un Insecta). Il a été décrit par William Elford Leach en 1815. Cet ordre regroupe, (source 2010), 896 espèces classées en trois familles dont 41 en France, parmi lesquelles 4 très occasionnelles. Elles étaient autrefois appelées « Tiquet » ou « Ricinus ».
La plus fréquemment rencontrée sur l’être humain est la tique Ixodes ricinus. C’est elle qui est responsable de la transmission de la maladie de Lyme, causée par des bactéries appartenant au genre Borrelia.
Cette maladie a été autonomisée en 1975 à la suite d’une épidémie
survenue dans la ville de Lyme (Connecticut. USA).

Préalable

La maladie de Lyme reste la plus fréquente des infections bactériennes transmises par les tiques dans l’hémisphère Nord. Surtout responsable de manifestations cutanées, elle peut, si elle n’est pas traitée, avoir des répercussions sur de multiples organes.
Certaines des manifestations très tardives qui lui sont attribuées font l’objet de controverses, et parfois de différences d’appréciation entre spécialistes sur la prise en charge de la maladie, comme en témoignent des échanges récents, assez vifs, dans une revue médicale internationale (in The Lancet Infectious Diseases – mai 2012)

Introduction

On estime que plusieurs centaines de cas de maladie de Lyme sont diagnostiqués tous les ans en France avec des variations importantes suivant les années (source 2022). Mais de nombreuses formes latentes font de la maladie la plus fréquente des maladies transmises par les tiques.

Si les tiques étaient systématiquement recherchées aux zones de friction et éliminées après les promenades (et missions professionnelles du naturaliste) en forêt, fruticées et prairies, surtout aux mois de mai, juin et juillet, on ne verrait pas de maladies de Lyme. C’est au cours du repas suivant la piqûre, une douzaine d’heures après la fixation de la tique, que le germe est injecté.

La connaissance de l’agent infectieux a débouché sur des possibilités diagnostiques qui ont permis de mieux recenser les nombreuses formes cliniques de la maladie. La notion d’une morsure de tique est un élément important pour le diagnostic. Mais elle est inconstamment retrouvée, car passée inaperçue (les larves ou même les nymphes sont presque invisibles), ou trop anciennes, ou très courantes en milieu exposé ; comme c’est le cas des naturalistes professionnels en milieu rural, forestier, etc.

La maladie de Lyme s’exprime par diverses manifestations dermatologiques, cardiaques, neurologiques et articulaires, qualifiées de « primaires », « secondaires » et « tertiaires » en fonction du délai après l’inoculation – par analogie avec la syphilis. Ainsi donc, près la piqûre et l’introduction de Borrelia burgdorferi, cette spirochétose récurrente se développe donc en trois phases.

Phases de la maladie de Lyme

Phase 1

L’incubation dure huit à vingt et un jours. Autour de la morsure apparaît un érythème annulaire puis centrifuge. Cette lésion disparaît en quatre à six semaines. Fièvre, céphalées et arthralgies peuvent accompagner la lésion cutanée.

Phase 2

La phase secondaire dure entre quinze et six mois, conjuguant lésions cutanées annulaires, céphalées, fièvres, arthralgies. Les manifestations rhumatologiques de cette seconde période, fréquentes, sont à l’origine de l’appellation « arthrite de Lyme ».
Bien que des signes neurologiques consécutifs à irritation méningée, puissent survenir précocement, les anomalies neurologiques franches sont plus tardives, et ne concernent que certains malades (un sur six en 1998). Il s’agit d’une atteinte périphérique radiculaire et sensitive. Parfois les douleurs résistent aux antalgiques simples et persistent plusieurs mois durant.
Il arrive que des atteintes motrices périphériques soient associées au syndrome sensitif avec des paralysies asymétriques et proximales. Le nerf facial peut être atteint. Ces troubles neurologiques peuvent s’accompagner d’une méningite lymphocytaires. Les signes cardiaques sont plus rares (bloc auriculo-ventriculaire surtout).

Phase 3

La troisième période, chronique, dure des mois ou des années plus tard ; elle associe des troubles rhumatologiques et neurologiques parfois invalidants.
Ces atteintes tardives semblent plus fréquentes aux États-Unis qu’en Europe.

Épidémiologie (Europe et Bretagne)

La maladie de Lyme est essentiellement transmise par morsure de tiques (au stade d’adulte et de nymphe). En Europe, il s’agit Ixiodes ricinus, une tique de buisson qui chasse « à l’affût », fréquente dans les régions de bocage et à la lisière des forêts.
La plupart des régions de France sont concernées en dehors du Midi méditerranéen.

Les zones particulièrement touchées sont l’Alsace, le nord du Massif-Central, la région Centre et aussi la Bretagne !

Aucun vertébré n’a été clairement identifié comme réservoir potentiel de Borrelia spp. en Europe. La transmission transovarienne chez les tiques peut suffire à expliquer la pérennisation de cette zoonose.
La majorité des morsures de tiques contaminantes surviennent en été, mais des cas peuvent survenir au printemps, ou lorsque la température et l’humidité augmentent.
La maladie de Lyme existe dans de nombreux pays d’Europe de l’Est avec une diversité des espèces (B. afzelli, B. garinii) et des sous-type beaucoup plus grande qu’en Amérique du Nord.

Il n’est pas exclus que la tique Ixodes ricinus puissent également transmettre simultanément d’autres agents infectieux, notamment en Europe de l’Est, le virus de l’encéphalite européenne à tiques.

Les formes cliniques

Les formes cliniques sont envisagées en fonction de leur fréquence et de leur délai d’apparition après la morsure de tiques.
On y distingue :

  • Érythème chronique migrant
  • Myocardite
  • Atteintes neurologiques
    • Névrites
    • Polyradiculonévrite
    • Atteinte d’un nerf crânien
    • Atteinte centrale
  • Manifestations rhumatologiques
  • Maladies dermatologiques tardives (La maladie de Pick-Herxheimer ou acrodermite atrophiante chronique.

Focus sur Borrelia spp.

Systématique

Cette bactérie est une forme spiralée de Spirochètes dont on distingue 3 genres : Treponema spp., Leptonema spp. et enfin Borrelia spp.
Borrelia spp. sont des agents responsables des borrelioses ou fièvres récurrentes ; ce sont des affections transmises par des arthropodes hématophages. En fonction de l’arthropode vecteur, on distingue deux groupes de Borrelia spp. :

  1. B. recurrentis transmise par le pou,
  2. B. burgdorferi et div. sp. transmise par les tiques.

Habitat

Les Borrelia spp. ne sont jamais retrouvées dans le milieu extérieur. Il n’existe pas de porteurs sains. Chez l’homme, elles sont présentes dans le sang et les tissus des sujets infectés. Leur habitat animal varie selon les borrelioses :

  1. dans les borrelioses à poux on ne rencontre les Borrelia spp. que chez le pou infecté.
  2. dans les borrelioses à tiques, on les rencontre, d’une part, chez les rongeurs sauvages, hôtes habituels de la plupart des Borrelia spp. transmises par les tiques, d’autre part, chez les tiques infectées.

L’incidence de la maladie de Lyme (ou borréliose) varie selon la latitude, l’environnement naturel (forêts, taillis, prairies), la densité des tiques et le pourcentage variable (de 5 à 30 %) de celles qui sont infestées par la bactérie responsable, Borrelia burgdorferi et ses apparentées. En Europe, la maladie prédomine surtout en Autriche, en Slovénie et en Allemagne.
En France, les régions les plus touchées sont l’Alsace (près de 2 cas par an pour 1 000 habitants), la Lorraine, la Franche-Comté et le Limousin. Quoique plus rare ailleurs (moins d’un cas par an pour 5 000 habitants), elle est présente presque partout en dessous de 1 500 m.
N’ignorons pas que la Bretagne n’est pas épargnée et elle est peut-être sous-diagnostiquée (sources 2012)

Morphologie

À l’état frais (microscopie à fond noir) les Borrelia spp. se présentent comme des filaments spiralés flexibles et mobiles. On n’utilise pas la coloration de Gram, mais la coloration Giemsa pour les mettre en évidence sur les frottis de sang.

Caractères culturaux

La multiplication des Borrelia spp. peut être obtenue in vitro sur des milieux complexes (avec des résultats souvent médiocres) ou in vivo (œuf embryonné).

Structure antigénique et substance élaborées

Leur structure antigénique est mal connue et les Borrelia spp. ne sécrètent pas de toxines.

Mesure préventive à tenir

Enlever la tique correctement

Principales victimes : les professions exposées (agriculteurs, forestiers et bien entendu les naturalistes).
L’incidence de la maladie de Lyme (ou borréliose) varie selon la latitude, l’environnement naturel (forêts, taillis, prairies), la densité des tiques et le pourcentage variable (de 5 à 30 %) de celles qui sont infestées par la bactérie responsable, Borrelia burgdorferi et ses apparentées. En Europe, la maladie prédomine surtout en Autriche, en Slovénie et en Allemagne.En France, les régions les plus touchées sont l’Alsace (près de 2 cas par an pour 1 000 habitants), la Lorraine, la Franche-Comté et le Limousin. Quoique plus rare ailleurs (moins d’un cas par an pour 5 000 habitants), elle est présente presque partout en dessous de 1 500 m.N’ignorons pas que la Bretagne n’est pas épargnée et elle est peut-être sous-diagnostiquée (sources 2012). La tique vecteur, Ixodes ricinus, vit sur les herbes et les feuilles. À chaque stade, larve, nymphe et femelle adulte, elle a besoin d’un repas de sang et s’infeste en ingérant celui d’un animal porteur de la bactérie, qu’elle inocule à sa victime suivante.
La meilleure solution reste la prévention : porter des vêtements longs en forêt et se faire examiner le corps au retour, cuir chevelu compris, car la tique, petite, se fixe dans la peau par une piqûre indolore. Elle doit être ôtée correctement, à l’aide d’un tire-tique ou d’une pince, d’autant plus tôt que la tique n’inocule pas la bactérie dans les douze heures suivant la piqûre.
Il suffit ensuite de désinfecter la zone et de la surveiller. Le plus souvent, il ne se passe rien ou presque. Mais si une plaque rouge, même petite, apparaît après quelques jours et s’étend, mieux vaut consulter le médecin car il peut s’agir d’un érythème migrant. C’est 8 fois sur 10 la première manifestation de la maladie de Lyme, accompagnée parfois d’un peu de fièvre, de fatigue et de douleurs.

« Le diagnostic repose sur l’interrogatoire et l’examen de la lésion. Si le médecin soupçonne un érythème migrant, il prescrit aussitôt un antibiotique. Fait correctement, ce traitement enraye la maladie. Trop de médecins demandent encore un examen sérologique du sang à la recherche d’anticorps contre Borrelia spp. Cela ne sert à rien à ce stade car il n’y en a pas encore : la sérologie, négative dans 80 % des cas, rassure à tort et peut faire rater le diagnostic. Il ne faut donc pas la faire », insiste le Pr Christian Perronne, infectiologue (hôpital de Garches).

Des arguments suggèrent qu’une dose unique, systématique, d’antibiotiques juste après la piqûre de tique diminuerait le risque d’infection. Une étude récente sur la souris montre que, donnée le jour même, elle réduit ce risque de 75 %, et de 47 % après 24 heures (source 2022). Comme l’érythème migrant n’est pas constant, cette méthode, non consensuelle, est pratiquée par précaution au cas par cas, surtout en zone d’endémie.

Perpective et nuance sur la dangerosité

La répartition de nombreuses espèces de tiques s’est modifiée depuis le début du XXe siècle, en raison des changements environnementaux provoqués par les activités humaines. Or ces acariens qui se nourrissent de sang peuvent transmettre des virus, des bactéries et des parasites.
Dans l’hémisphère nord, ce sont même les premiers vecteurs d’agents pathogènes, pour l’être humain comme pour les animaux ! Le plus célèbre des microbes transmis par les tiques est probablement la bactérie Borrelia spp.

Une multitude d’informations, parfois alarmistes et partiales, circulent quant au risque de contracter cette affection, ainsi que d’autres maladies, après une piqûre de tique. Pourtant, il faut faire la part des choses : une tique même infestée de microorganismes ne contamine pas forcément l’hôte sur lequel elle se nourrit.
À chaque phase de son développement (larve, nymphe et adulte – voir cliché a.), aussi appelée stase, la tique I. ricinus prend un unique repas de sang (à la stase adulte, seule la femelle prélève du sang ; le mâle ne s’alimente pas, son unique rôle est la reproduction). Son repas sanguin dure entre 3 et 10 jours, suivant la stase (voir cliché b.). Chacun de ces repas peut constituer un risque de transmission de pathogène à l’être humain. En effet, lorsqu’une tique est infectée par Borrelia spp., il arrive qu’elle la transmette à son hôte au cours de son repas de sang.

Cependant, il faut savoir que si une tique qui s’infecte avec Borrelia spp durant sa stase larvaire reste infectée toute sa vie, moins de 1 % des femelles adultes transmettent la bactérie à leur descendance. Les larves ne sont donc généralement pas infectantes au moment de leur repas de sang.

Le pic d’activité maximum des tiques s’étend généralement d’avril à juin (l’été est souvent trop sec pour elles), puis elles redeviennent un peu actives à l’automne. À ces périodes, les nymphes constituent le risque le plus élevé de contamination. Elles sont en effet les plus abondantes dans l’environnement et, du fait de leur petite taille, leur piqûre passe souvent inaperçue.

Mais ce n’est pas parce qu’une tique est porteuse de la bactérie Borrelia spp. qu’elle va systématiquement la transmettre ❗️

Conclusion

En conclusion, s’il faut évidemment prendre conscience du danger potentiel lié aux tiques, il est toutefois inutile de céder à la panique. Des gestes simples de prévention peuvent être mis en œuvre pour éviter les piqûres et la transmission éventuelle des agents infectieux (contrôle systématique du corps par le collègue de travail).

Et il est aussi important que le médecin du travail du naturaliste professionnel, soit sensibilisé par cette problématique.

Les chercheurs, quant à eux, continuent à faire progresser les connaissances sur les tiques, sur leurs écosystèmes, sur les mécanismes de transmission des agents infectieux et sur les maladies à tiques.

Nota Bene : un prochain article traitera du Vaccin pour la méningo-encéphalite à tique.

Ecosystema.fr

Bibliographie

  • Cours professé de microbiologie – Universités Catholique de Lille (2001)
  • C. PERRONNE – La Vérité sur la maladie de Lyme : Infections cachées, vies brisées, vers une nouvelle médecine (2019)
  • K. D. McCoy et N. Boulanger – Tiques et Maladies à tiques. Biologie, écologie évolutive et épidémiologie (2015)
  • S. Bonnet et N. Boulanger – Tiques, Lyme et Cie (2019)

Crédit photographique

  • P. GARCELON – https://www.flickr.com/photos/philgar
  • Gaby AR BRAZ Dirlem – Nikon D700 – Ecosystema.fr ™ ©

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