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Trametes versicolor sur les bords du Douron

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A la découverte des champignons communs de Bretagne…

Pour débuter un champignon fort odorant !

Le mois d’octobre, est aussi l’occasion d’observations mycologiques et même si cette année – peut-être en raison d’une forte pluviométrie – les champignons ne sont pas au rendez-vous.

Et puis mon intention n’est pas de vous présenter des champignons exceptionnels, non ! seulement de vous inciter à la découverte d’un groupe riche en forme et en couleur. Un bon moyen aussi d’égayer ses sorties dans les bois, et aussi (avec une connaissance exacte du “matériel” observé toutefois) d’égayer ses plats, par de savoureux champignons.

Trametes versicolor

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Trametes versicolor

La première espèce de ce carnet naturaliste est Trametes versicolor.

C’est un des champignons lignicoles les plus communs, observable toute l’année. Cette espèce se reconnaît principalement à ses chapeaux, parfois empilés les uns sur les autres le long d’un tronc d’arbre mort.

Comme le montre bien la photo, le chapeau qui mesure 2-8 cm de large est orbiculaire, dimidié*, aplani, ordinairement déprimé en arrière et très mince ; sa marge aiguë, multilobée, est blanchâtre ou jaune pâle. Son épiderme est lisse, velouté, bigarré de zones concentriques alternativement grises, brunes, rouges, verdâtres, violettes ou noires, brillantes et satinées, mates et plus foncées.

Les tubes sont très courts, blancs, lacérés et se terminent par des pores fins et arrondis, blancs puis roussâtres.

La chair est mince, blanche et extrêmement coriace.

Son habitat :

Cette espèce se trouve sur toutes sortes de bois, feuillus de préférence, et croît d’un bout à l’autre de l’année. Elle provoque une pourriture blanche très active, mais ne s’attaque pas aux arbres vivants.

* Dimidié : se dit du chapeau d’un champignon qui est réduit à l’une de ses moitiés, comme chez les polypores.

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Phallus impudicus

La deuxième espèce est Phallus impudicus toujours observé le long du Douron dans le Finistère.

Il n’y a pas de moyen de se tromper sur cette espèce commune, dont la forme et l’odeur repoussante, qui fait déceler le champignon à plusieurs mètres permettent une identification immédiate.

En effet, ce champignon se présente d’abord sous la forme d’un oeuf mou, semblable à ceux que pondent les poules en fin de saison, quand elles manquent de calcium. A l’intérieur de cet oeuf se trouve une gelée transparente au milieu de laquelle on voit à la coupe le futur champignon. Il ressemble alors à un noyau verdâtre ayant un centre blanc. Mais bientôt l’oeuf se déchire, et en une ou deux heures on voit se dresser le champignon.

Le chapeau a une forme de dé ouvert à son extrémité, d’abord vert foncé et lisse. Mais la matière verte dont il est fait se liquéfie rapidement en répandant une odeur cadavéreuse abominable qui attire les mouches à viande : ce sont elles qui vont se gorger de cet hyménium déliquescent et transporter les spores au loin. Quand l’hyménium est complètement dissous, il reste une tête qui ressemble à une morille blanche, c’est à dire faite d’alvéoles qui ont valu à cette espèce le nom de morille du diable.

Le pied peut mesurer de 15 à 20 de haut. Blanc, creux, il est fait d’un tissu de grosses cellules lâches, mais fermes qui en assurent l’érection et la rigidité. A sa base, on trouve une sorte de volve qui est un résidu de l’enveloppe première de l’oeuf.

Habitat :

C’est une espèce commune dans toutes les forêts, de feuillus ou de conifères, où elle vient volontiers en colonies. On la rencontre en été et en automne. A noter aussi que son odeur peut épouvanter les chevaux, qui parfois refusent d’avancer quand ils la sentent.

Intérêt culinaire :

Son odeur nauséabonde suffit à elle seule à écarter toute idée de consommation. Quelques personnes s’amusent à extraire l’embryon du champignon de la gélatine glaireuse de l’oeuf encore fermé : consommé cru, il a… un agréable goût de radis de radis.


Sources :

  • Les descriptions proviennent du “Guide des Champignons” chez Reader’s Digest,

Clichés : Gaby AR BRAZ – Velvia 50 iso – Ecosystema.fr ©

CC BY-NC-ND