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Les Chorthippus dur dur !

Les « Chorthippus

ver. 1.2 au 13/09/2009



Sources des dessins et photos : Coray et Tforens ; Bellmann & Luquet.

Comme le titre l’indique nous allons traité du genre Chorthippus, ensemble de criquet de détermination délicate pour certain (surtout au début) voir très difficile !

Voyons donc cela pas à pas…

Tout d’abord, cette « clef » est plus un « pense-bête », d’un genre difficile pour le débutant, où sont noté les critères qui sont à la fois faciles à observer et relativement fiables (mais non exhaustif) ; or ce groupe des Orthoptera est de détermination souvent difficile et il est nécessaire d’y regarder de très près, surtout quand on débute (et même ensuite).

En tout cas il faut bien se garder de vouloir déterminer les taxons comme le genre ci-après en feuilletant les pages d’un guide en couleur, comme cela est possible avec les Lepidoptera et les Odonata.

Toutefois grâce à la qualité des illustrations choisies et un choix pertinent des critères (merci au « Bellmann ») ce genre, je l’espère, vous sera plus facile d’accès ; toutefois garder vous d’une détermination trop rapide !

Les Orthopteroïdea :

Pour débuter, parlons systématique.

Le présent texte très succinct vous permet de situer le genre traité ici dans l’embranchement des Arthropodes (animaux à corps mobile, segmenté et muni d’un squelette externe chitineux).

Le genre appartient donc à la classe des Insectes sansus lato (= Hexapodes) au corps pourvu de 3 paires de pattes et au Superordre des Orthopteroïdea, au fémurs postérieurs plus grands et plus épais que les autres, conformés pour le saut (sauf la Courtilière) ; un appareil stridulatoire présent chez la plupart des espèces et des ailes antérieures légèrement chitinisées (on emploie le terme de tegmina pour les différencier des élytres des Coléoptères fortement chitinisées).

♦ Voici ci-dessous l’habitus de l’ordre.

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Cliché n°1 : morphologie d’un Orthopteroïdea (habitus de Cælifera, Acrididae).

Les Caelifera :

Nous rappelons ici que nous allons traiter un genre difficile d’approche que sont les Chorthippus div. sp.

Ce genre fait partie de l’ordre des Cælifera (= « Criquet ») dont les critères sont les suivants (voir dessin ci-dessous) :

  • Antennes comportant moins de 30 articles, n’atteignant pas le milieu du corps ;
  • Ovopositeur court, formé de 4 valves divergentes ;
  • Une râpe stridulatoire située à la face interne des fémurs postérieurs (la stridulation est produite par le frottement des fémurs postérieurs contre les tegmina* (ou parfois contre l’abdomen) ;
  • Tympan situés de chaque côté de l’abdomen, sur le premier tergite.
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Cliché n°2 : Ensifera (10.1) et Cælifera (10.2) type.

Au sein de l’ordre des Caelifera, nous avons à faire, à des espèces de petite taille (corps inférieur à 15 mm) et appartenant à la famille des Acrididae qui est caractérisée par l’absence de tubercule sur le prosternum (voir dessin ci-après).

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Cliché n°3 : Thorax vue ventrale

Les Gomphocerinae :

Notre genre appartient à la sous-famille des Gomphocerinae au sein de laquelle nous avons aussi les genres Omocestrus et Stenobothrus (dont nous ne parlerons pas dans ce sujet) qui se distinguent (entre eux) par l’aire médiane des tegmina du mâle élargie ou pas et bien d’autres critères.

Cette sous-famille des Gomphocerinae est caractérisée par :

  • Tegmina dépourvus de nervures intercalées dans le champ médian (voir dessin ci-dessous >> media) ;
  • Front formant avec le vertex un angle aigu ;
  • Nervure radiale des tegmina épaissie pour la stridulation ;
  • Fémurs postérieurs avec une rangée de dents stridulatoires (voir dessin ci-dessous).
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Cliché n°4 : Aile d’un Acrididae
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Cliché n°6 : Appareil stridulatoire d’Acrididae (ici Chorthippus sp.)

Enfin ! On y arrive !

Les genre Chorthippus :

Au sein de cette sous-famille, nous avons (pour simplifier) 4 genres qui se ressemblent et dont il est pas question de les distinguer : le genre Omocestrus, Stenobothrus, Euchorthippus et enfin notre sujet ! Le genre Chorthippus.

Le genre Chorthippus div. sp.  est caractérisé par le bord antérieur du tegmen (champ précostal) pourvu de lobe basal plus ou moins élargi (différence avec les Stenobothrus et Omocestrus sauf le mâle de C. albomarginatus).

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Cliché n°7 : Tegmen de Chorthippus sp. (70.5) et d’Omocestus sp. (70.4)

Sous-genres Chorthippus & Glyptobothrus :

Il existe deux sous-genres : le sous-genre Chorthippus & le sous-genre Glyptobothrus dont les critères sont les suivants :

  • Sous-genre Chorthippus : carènes latérales du pronotum*, presque parallèles ou légèrement flexueuse, c’est dire à peine infléchies dans la prozone et divergeant donc faiblement vers l’arrière (voir dessin ci-après) ;
  • Sous-genre Glyptobothrus : carène latérale qui se ressert, c’est-à-dire anguleuses ou subanguleuses dans la prosone et bien divergentes vers l’arrière.
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Cliché n°8 : Tête et pronotum (localisation des zona et du sculus)
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Cliché n°9 : Orientation des carènes latérale du pronotum ; sous-genre Chorthippus (78.1), sous-genre Glyptobothrus (78.2)

Sous-genres Chorthippus :

Sous-genre Chorthippus :  Rappelons que ce sont des criquets à carènes latérales du pronotum, presque rectilignes (ou légèrement flexueuses).

Il affectionne davantage les endroits humides. On note sur notre territoire (le grand ouest) les espèces suivantes :

Clef simplifiée :

  1. M brachyptère* et F microptère*, genoux postérieurs fortement obscurcis >> Groupe A
  2. Tegmina et ailes normalement développés dans les deux sexes >> Groupe B

Groupe A : M brachyptère* et F microptère, genoux postérieurs fortement obscurcis

  1. C. parralelus. Très répandus
  2. Et C. montanus.  Plus rare

Espèces souvent confondues sous le même nom C. longicornis.

Critères : La séparation par les caractères morphologiques est souvent très délicate (voir dessins ci-dessous):

  1. C. parallelus : M (= mâle) : stigma (zone à forte densité de nervures, dans le cercle jaune sur le dessin ci-dessous) distant de 1,5 mm de l’apex (= bord postérieur) du tegmen (visible à contre-jour) ; ailes postérieures très courtes se terminant loin avant le stigma du tegmen ; F (= femelle) : extrémité des tegmina acuminés ; valves de l’oviscapte courtes.
  2. C. montanus : M : par transparence les ailes postérieures se prolongeant presqu’au stigma ou se superposant à celui-ci ; F : apex des tegmina plus largement arrondi ; valves inférieures de l’ovopositeur assez régulièrement atténuées et plus allongées.
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Cliché n°10 : Ailes et tegmina ; C. parallelus (87.1), C. montanus (87.2)
Cliché n°11 : Valves de l’oviscapte ; C. parallelus (87.3), C. montanus (87.4)

Groupe B : Tegmina et ailes normalement développés dans les deux sexes

Coloration non uniformément vert (ce n’est pas un critère constant, la couleur fondamentale étant brune, grise, jaunâtre ou enfin verte !).

Clef simplifiée :

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  • carènes latérales presque parallèles (rectilignes) est divergentes faiblement tout de suite après la « ligne transversale » (= « sculus » ou sillon séparant la proto et métazone, voir dessin ci-contre) ; nervure radiale sinueuse (surtout chez le M) ; souvent une strie longitudinale blanche dans le champ costal « C », rarement absent chez la femelle >> C. albomarginatus
  • très faiblement convergentes dans leur 1/3 antérieur et nettement divergentes dans leurs 2/3 postérieurs ; tegmen à nervure radiale droite >> C. dorsatus
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Cliché n°13 : Carènes latérales ; C. dorsatus (85.1), C. parallulus (85.2) et C. albomarginatus F & M (85.3-4)
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Cliché n°14 : Tegmen de C. dorsatus M (86.1) & F (86.2)
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Cliché n°15 : Tegmen de C. albomarginatus M (88.3)

Sous-genres Glyptobothrus :

Sous-genre Glyptobothrus : rappelons que ce sont des criquets à carène latérale qui se ressert, c’est-à-dire qu’elle forme un parcours anguleux.

Ce sous-genre constitue le groupe C. brunneus / C. biguttulus  / C. mollis), groupe de détermination difficile, longtemps considérées comme appartenant à une espèce éminemment variable : Stauroderus variabilis, caractérisé par leur orifice tympanal en forme de fente étroite (voir image ci-dessous).

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Cliché n°16 : Ouverture tympanique ; sous-genre Chorthippus (79.1), sous-genre Glyptobothrus  (= groupe biguttulus) (79.2)

Si les caractères des tegmina sont utiles pour la détermination, sur le terrain, les stridulations des mâles constituent un caractère absolu d’identification.

Discrimination par la stridulation. Notons que ce sous-genre colonise davantage les endroits secs.

Sonogramme de C. brunneus

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4-9 phrases courtes et sèches (accents brefs) (« psrr » assez chuintants) d’à peine 0,2 sec. chacune, sonore, répétée environ toutes les deux secondes.

Attention ! La stridulation ressemble à celle de C. albomarginatus.

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Sonogramme de C. biguttulus :

Phrase plus longue, 3-5 phrases métalliques et sonores de 1-4,5 sec. en moyenne (surtout 4-5 sec.), la première surtout en long crescendo (succession de 4 séquences d’intensité sonore croissante) bien marqué (timbre brillant et chuintant comme le chant de « serpent »), s’interrompant brusquement à plein volume sonore.

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Sonogramme de C. mollis :

Une seule longue phrase, régulière et en crescendo, commençant par des « tic » à peine audible, se prolongeant en syllabe plus fortes et plus longues, et se terminant souvent par quelques sons faibles et ralentis.

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Information sur les taxons :

Sous-genre Chorthippus à carènes latérales du pronotum, presque rectilignes (ou légèrement coudées).

Groupe A : M brachyptère* et F microptère*, genoux postérieurs fortement obscurcis

  • C. parralelus.
  • Et C. montanus.
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Cliché n°17 (source “Bellmann”) : habitus du groupe A (M de C. parralelus)

Chotthippus parallelus est un des Orthoptères les plus communs de France. Il se caractérise par la réduction des organes de vol, qui atteignent à peine l’extrémité de l’abdomen chez le M, et la moitié de celui-là chez la F. Ce taxon fréquente les prés et les pâturages, y compris parfois les prairies artificielles d’où les autres orthoptères sont absents, le bord des routes et les clairières. Il évite les biotopes très secs et vit en compagnie de C. montanus dans certains marais. (ATTENTION il existe des individus macroptères).

Nota : La stridulation ressemble à celle de C. dorsatus.

C. montanus ressemble à la précédente espèce, avec laquelle elle a été confondue sous le même nom de longicornis. Ecologiquement il est plutôt sténotherme, mais généralement tolérant envers les conditions climatiques, ce taxon, souvent exclusif de parallelus, est sténoèce et inféodé aux biotopes humides.

À noter que la stridulation de C. montanus s’apparente à celle de C. parallelus, mais, s’en distingue nettement par son intensité sonore plus élevée, son timbre moins rauque et son débit nettement plus lent.

Groupe B : Tegmina et ailes normalement développés dans les deux sexes

  • C. albomarginatus.
  • Et C. dorsatus.
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Cliché n°18 (source “Bellmann”) : habitus du groupe B (F de C. albomarginatus)

C. albomarginatus ressemble à l’espèce suivante, mais en diffère toutefois dans les deux sexes par les carènes latérales du pronotum, presque rectilignes et divergeant faiblement vers l’arrière. Ce taxon, préfère en général les milieux hygrophiles ; cependant dans les régions à climat humide on peut aussi le trouver dans des milieux secs (ex. coteaux calcaires de la basse vallée de la Seine).

Nota : Le lobe basilaire du tegmen est faiblement indiqué chez la F et absent chez le M (exception du genre).

Nota : Attention ! certains exemplaires ont le même habitus ! dès lors risque de confusion (individus clairs) avec des Euchortipus div. sp. est possible. Ce dernier genre est très proche du genre Chorthyppus, mais s’en distingue par toute une série de caractères qui confèrent un aspect bien reconnaissable. Citons parmi ceux-ci : des lobes géniculaires postérieurs M ou ne l’atteignant pas chez la F), un vertex à carènes prolongées derrières les yeux et aussi les carènes latérales du pronotum droites et parallèles.

C. dorsatus a les carènes latérales du pronotum parallèles ou très faiblement convergeant dans leur tiers antérieur et nettement divergentes dans leurs deux tiers postérieurs. C’est une espèce assez tardive (jusqu’en novembre), qui est eurytherme et euryhygre et les stations humides lui conviennent le mieux. Il est moins exigeant que C. montanus et résiste mieux à la raréfaction de ses milieux de prédilection.

Nota : La stridulation ressemble à celle de C. parallelus, mais comporte en outre en fin de phrase un accent bourdonné.

Sous-genre Glyptobothrus à carène latérale nettement coudées.

Ce sous-genre constitue le groupe « C. brunneus, C. biguttulus, C. mollis » ou dit aussi « biguttulus »

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Cliché n°19 (source “Bellmann”) : habitus du groupe biguttulus (F de C. biguttulus)

L’écologie des Chorthippus du groupe biguttulus (= sous-genre Glyptobothrus) est souvent délicate à établir à la suite de la confusion entre ces espèces.

C. brunneus fréquente les terrains en automne, et on le trouve dans les zones d’autant plus humides que la température du mois de juillet est fraîche ; elle est toutefois légèrement plus xérophile et nettement géophile que C. biguttulus. Plus sténotope* que ce dernier, il est moins fréquent.

Nota : La stridulation ressemble à celle de C. dorsatus.

C. biguttulus  est un des Chorthippus les plus répandu en France, en particulier dans les prairies. Il supporte les perturbations humaines comme la fauche ou les coupes forestière. Son amplitude écologique est large, de mésoxérophile à xérophile ; il a toutefois une préférence pour les milieux mésoxérophiles. La stridulation, très caractéristique, constitue souvent le « bruit de fond » dominant les prairies en été.

C. mollis remplace C. biguttulus dans les milieux thermophiles, en particulier dans les zones d’affinité méditerranéennes.


Vocabulaire :

  • Brachyptère : tegmina normalement développées mais ailes réduites (ex. : C. parallelus).
  • Microptère : tegmina franchement abrégées, atteignant ou dépassant peu le milieu de l’abdomen (ex. : Conocephalus dorsalis).
  • Pronotum : premier tergite thoracique.
  • Sillon typique : sillon qui coupe transversalement le disque du pronotum.
  • Sténotope : strictement lié à un type de biotope(s) bien particulier(s) ; présentant une tolérance de très faible amplitude vis-à-vis de la variation des facteurs écologiques abiotiques.
  • Tegmina : ailes antérieures (elles ne sont que légèrement chitinisées, ce qui les distingue des élytres des Coléoptères).

Voilà c’est terminé pour la présente version. Surtout n’hésitez pas à me donner vos avis et conseils.

Je vous souhaite une bonne prospection.

Nota : à terme cette rubrique ne sera constituée que de dessins personnels.


Clichés :

  • Gaby AR BRAZ – APN Canon G9 – Ecosystema.fr ©
  • Chorthippus brunneuspjt56@gmx.net CC

Principal : GLB

  • Dans le texte :
  • BELLMANN & LUQUET, Guide des Sauterelles, Grillons et Criquets d’Europe occidentale
  • CORAY & THORENS, Fauna helvetica : Orthopetera identification

Sources :

  • BELLMANN & LUQUET, Guide des Sauterelles, Grillons et Criquets d’Europe occidentale – 1995-2009
  • CHINERY M., Insectes de France et d’Europe occidentale – 1988
  • CORAY & THORENS, Fauna helvetica : Orthopetera identification – 2001
  • DEFAUT B., Synopsis des orthoptères de France. Matériaux entomocénotiques – 1997
  • DEFAUT B., La détermination des Orthoptères de France – 2001
  • web 2.0 :
  • http://www.ascete.org/

Pour aller plus loins une excellente Clef de détermination des CHORTHIPPUS et EUCHORTHIPPUS de l’ouest de la France : Clef Chorthippus div. sps

CC BY-NC-ND

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