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A la recherche des Hymenophylum div. sp.

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Suite à une sortie botanique, avec le groupe « bota » de la section rade de la SEPNB, je profite pour vous parler un peu du genre Hymenophyllum.

Ce genre fait partie des fougères et nous avons deux espèces en Bretagne : tunbrigense et wilsonii.

Pour les distinguer la diagnose simple est la suivante :

  • Valves de l’indusie à marge denticulée
    • H. tunbrigense
  • Valves de l’indusie à marge entière
    • H. wilsonii
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Plus en détail, H. tunbrigense (dessin ci-contre et planche d’herbier) est une hémicryptophyte de 2-8 cm, espèce saxicole, silicicole, sciaphile, fortement hygrophile ; on l’observe sur les rochers ombragés et souvent

suintants, les abords des cascades et les chaos granitiques frais (cas de l’échantillon d’herbier en photo). Cette espèce fait partie de l’Hymenophyllion tunbrigensis

De même, H. wilsonii qui ne dépasse pas les 6 cm, s’observe dans le même habitat que la précédente, où on peut les voir cohabiter, avec toutefois une moindre fréquence.

Statut : ce sont des espèces très localisées en quelques points de Bretagne péninsulaire intérieure, et très rare en situation sublittorale.

Précisons toutefois, que si en Bretagne Hymenophyllum tunbridgense et Hymenophyllum wilsoni, occupent les mêmes espaces (habitat), accompagnés parfois de Trichomanes speciosum et surtout de nombreuses espèces de bryophytes, tunbridgense est une espèce Subtropicale océanique, tandis que wilsoni est une espèce Atlantique (selon Oberdorfer).

Enfin, les deux espèces sont protégée nationale et leur récolte est donc interdite (l’échantillon d’herbier en photo a été récolté par moi même il y a 15 ans, à cette époque, je débutai…).

En précision de cela, est pour préciser l’autoécologie de ces taxa, toutes les deux sont des espèces caractéristiques de l’association suivante : Hymenophylletum tunbrigensis.

Pour placer cette association dans son « contexte » (son appartenance phytosociologique), elle appartient à la classe des ANOMODONTO VITICULOSI – POLYPODIETEA VULGARIS Rivas-Martinez 1975 (ou ANOGRAMMO LEPTOPHYLLAE-POLYPODIETEA CAMBRICI Tüxen in Tüxen & Oberd. 1958 nom. nud selon le PVF) correspondant à une végétation à base de Bryophytes et de Fougères, des parois et dalles ombragées, épilithique à terricole, mésophile à hyperhumide et sciaphile ; cette classe trouve son optimum en conditions océaniques planitaires à collinéennes, mais est présente jusqu’au méso- et supraméditerranéen). En déclinant la classe (Classe, Ordre, Alliance, Association), l’association appartient à l’ordre des Anomodonto viticulosi – Polypodietalia vulgaris de Bolos & Vives in de Bolos 1957, à l’alliance de Hymenophyllion tunbrigensis Tüxen in Tüxen & Oberdorfer 1958, correspondant à des placages ptéridophytiques et moussus des rochers et chaos granitiques frais et ombragés, dans des conditions de très forte hygrométrie, souvent en sous-bois de hêtraie, en exposition froide. Enfin l’Hymenophylletum tunbrigensis Braun-Blanquet in Braun-Blanquet et Tüxen 1952, se rapporte a une association saxicole eu-atlantique, hautement aéro-hygrophile, sciaphile, riche en Cryptogames et dont les espèces caractéristiques sont Hymenophyllum tunbrigense et H. wilsonii.

Terminons aussi par la chose suivante : si les taxa sont protégés, l’habitat ne l’est pas moins théoriquement et en pratique, car c’est un habitat de la Directive Habitat sous le code 8220 et l’intitulé « Pentes rocheuses siliceuses avec végétation chasmophytique »

Deux plantes exceptionnelles et un habitat typique par ses conditions écologique, mais aussi son ambiance.

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Échantillon d’herbier : H. tunbrigense, récolté (dans l’ignorance et à tord) sur un chaos granitique le 16/VII/1991 à Huelgoat (29).

Le taxon est facilement distinguable par les valves de l’indusie à marge denticulée. Dans le doute, les critères suivants peuvent vous aider à distinguer les deux taxons :

H. tunbrigense : feuilles ovales oblongues, bleu-vertes, fréquemment pendantes (relâchée comme sur la photo) par rapport au support. Les sores sont orbiculaires, positionnés dans le plan de la feuille, avec l’indusium irrégulièrement denté.

H. wilsonii : feuilles linéaire, vert olive, arquée par rapport au substrat. Les sores sont tenus hors du plan de la feuille et la marge de l’indusium est entière.

Source :

  • BARDAT J., BIORET F., BOTINEAU M., BOULLET V., DELPECH R., GÉHU J.-M., HAURY J., LACOSTE A., RAMEAU J.-C., ROYER J.-M., ROUX G. et TOUFFET J., Prodrome des végétations de France.
  • COSTE H., Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes – 3 volumes.
  • JULVE P., Synopsis phytosociologique de la France (communautés de plantes vasculaires).
  • OBERDORFER E., Pflanzensoziologische Exkursionsflora.
  • Plant crib, http://www.bsbi.org.uk/html/plant_crib.html

Cliché : J.R. CRELLIN

CC BY-NC-ND