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Les traces de Picus viridis : Mister « PIC »

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Sur la photo ci-dessus, nous pouvons observer la fiente d’un grand consommateur de fourmis ; sous la pellicule blanche d’urine séchée, la fiente est composée de carapaces de fourmis dont la chitine n’a pas été digérée par l’oiseau.

Ainsi voilà l’occasion d’une observation courante de trace, pour vous parler d’un oiseau lui aussi très commun : localement appelé oiseau de pluie, le pic vert (Picus viridis).


La langue des pics est effilée, très longue, visqueuse et pourvue de nombreuses corpuscules de tact, dont l’extrémité petite, plate et pointue, est ornée de petits crochets. Elle peut-être projetée loin en avant. Leurs tarses sont courts et les doigts pourvus d’ongles solides et recourbés. Deux sont dirigés en avant et deux en arrière, ils leur permettent de grimper facilement aux arbres tout en prenant appui sur les plumes de la queue, excessivement robustes.

L’espèce affectionne les vergers, les bosquets, les haies avec des arbres, mais aussi les lisières des forêts et les bois clairs, situés à côté de prairies qui lui sont indispensables. On peut aussi les trouver dans les parcs et les grands jardins.

Un ricanement sonore attire notre attention : le pic vert s’éloigne de son vol onduleux, caractéristique de la plupart des pics. Sa manifestation est le chant que l’on entend toute l’année. Ses cris dénotent une agressivité toujours latente et, aussi bruyants qu’il soit, cet oiseau ne tambourine pas. C’est un oiseau qui excelle dans l’art de grimper. Les pics accomplissent leurs ascensions en enfonçant leurs ongles recourbés dans l’écorce des arbres puis prenant appui sur leur queue, effectuent de petits sauts.

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Dès le début du mois de janvier, on voit les couples explorer les arbres et commencer à percer plusieurs trous dans des bois assez tendres. Aussi, procure-t-il des logements à d’autres oiseaux cavernicoles. Vers la fin d’avril, le couple creuse une cavité de 50 centimètres de profondeur, dans un tronc d’arbre pourri. Ponte : La femelle pond de 5 à 7 œufs (31 mm x 22 mm), qu’elle couve alternativement avec le mâle pendant 15 à 17 jours. Les jeunes éclosent la peau nue et aveugles ; les deux parents les nourrissent essentiellement de fourmis et de leurs nymphes. Les jeunes quittent la cavité après 18 à 21 jours, puis se tiennent encore quelques jours dans le voisinage du trou, à l’intérieur duquel ils se réfugient la nuit.

Concernant le régime alimentaire, le pic vert se nourrit à 90 % de fourmis, accessoirement de vers de terre, limaçons, escargots, et occasionnellement de baies, fruits, graines de pin et glands. Les fourmis sont atteintes en creusant avec le bec des trous dans le sol et en les captant avec sa langue visqueuse qui peut sortir d’environ 10 cm. C’est dire que le pic vert se nourrit essentiellement à terre et qu’il lui faut des surfaces découvertes : herbages, prairies, gazons en lisière de bois ou dans les vergers. Toutefois si les fourmis représentent l’essentiel de son alimentation, dans le sud de l’Europe, il s’attaque également aux ruches, en hiver.

A noter que dans le livre « secret des fourmis » de Werber, il est dit que le Pic vert abrite dans ses intestins des cestodes (Les cestodes sont des vers plats vivant dans l’intestin de l’hôte définitif. Leur corps est segmenté en anneaux qui mûrissent à partir de la tête ou scolex puis se détachant du corps, sont éliminés dans les selles à l’état adulte. Werber écrit : « Les cestodes sont éjectés avec les crottes de l’oiseau. Ce dernier doit en avoir conscience car il se débrouille souvent pour bombarder les villes fourmis d’excréments. Lorsque les fourmis veulent nettoyer leur cité de ces traces blanches, elles sont contaminées par les cestodes. Ce parasite perturbe leur croissance, il modifie la couleur de la pigmentation de la carapace pour la rendre plus claire. La fourmi infectée devient indolente, ses réflexes sont beaucoup moins rapides et, de fait, dès qu’un Pic vert attaque les citées, ces fourmis infectées par ses excréments sont ses première victimes. Parce que ces fourmis albinos sont plus lentes, mais aussi parce que leur chitine claire les rend plus faciles à repérer dans les sombres couloirs de la ville. »

Ce comportement du Pic vert me paraît très intéressant. Toutefois, est-ce le hasard qui fait que ses déjections atterrissent sur les fourmilières ou est-ce une adaptation comportementale du pic vert ? Dans le second cas, est-ce un comportement acquis ou inné ? (je vous invite à consulter les articles sur mon blog).


Source :


Clichés : Gaby AR BRAZ – APN Canon G9 – Ecosystema.fr ©

CC BY-NC-ND