Close

Polypodium et Cie… 2 Fougères en une !

Gaby_AR_BRAZ_11

Ci-après, l’observation courante d’un genre, dont il faut cependant distinguer 3 taxons distincts et une autre espèce au limbe toutefois très différent.

Sur la photographie, vous pouvez observer Polypodium interjectum, qui comme P. vulgare est très commun. Ici, il est en épiphyte.

Notons que pour le genre Polypodium div. sp., la détermination des espèces selon des critères uniquement macroscopiques est souvent incertaine ; en revanche, les caractères microscopiques s’avèrent nettement tranchés.

Voici la diagnose pour distinguer les 3 taxons principaux :


1. Limbe large, à longueur <= (supérieur ou égal) 2 x largeur. Présence de paraphyses (= longs poils stériles ramifiés)* parmi les sporanges, ceux-ci à assise mécanique formée de 4-6 cellules épaissies

> P. australe

07-07-2007 12-38-37_0181

Limbe plus étroit, à longueur > 2 x largeur. Pas de paraphyses parmi les sporanges, ceux-ci à 7-15 cellules épaissies

> 2


2. Sores à contour plutôt elliptique. Longueur des pennes diminuant le plus souvent graduellement vers le sommet de la feuille (pas de segment terminal bien individualisé). Assise mécanique des sporanges comportant moins de 10 cellules épaissies en moyenne

> P. interjectum

Sores à contour circulaire. Longueur des pennes diminuant généralement brusquement au sommet de la feuille, avec un segment terminal bien individualisé. Assise mécanique des sporanges à plus de 10 cellules épaissies en moyenne.

> P. vulgare

Concernant les espèces un peu plus en détail :

P. australe Fée (ou P. cambricum L., chez auteurs anglais) est une hémicryptophyte de 10 à 15 cm, dont les spores sont matures du II au IV. C’est une espèce saxicole, héliophile, thermophile, neutro-basicline ; que l’on observe sur les vieux murs, et les rochers. C’est selon Oberdorfier une espèce méditerranéo-atlantique.

Biologiquement c’est une espèce diploïde à cycle végétatif présentant un arrêt estival : développement des jeunes feuilles en fin d’été, maturation des spores en fin d’hiver puis desséchement des feuilles au printemps.

En Bretagne, cette espèce s’observe essentiellement sur le pourtour littoral, en condition plus thermophile que les espèces suivantes (toutefois plutôt en situation ombragée dans les rochers…)).


P. interjectum Shivas, est une hémicryptophyte de plus grande taille, pouvant atteindre 60 cm cm et dont les spores sont matures du IX au III. Pour son auto-écologie, c’est plutôt une espèce saxicole et photophile à héliophile et contrairement à la précédente très tolérante vis-à-vis de la plupart des facteurs écologiques ; on l’observe sur les vieux murs, rochers, talus et en sous-bois, parfois en épiphyte ; c’est le cas de la photographie, dont les individus ont été identifiés comme P. interjectum. C’est une espèce à répartition européenne.

Biologiquement c’est une espèce allohexaploïde, récemment séparée par Shivas en 1961) des 2 autres espèces (P. australe et P. vulgare) et du croisement desquelles elle dérive.


Gaby_AR_BRAZ_12

P. vulgare L est une hémicryptophyte de 8-50 cm mature du VIII au X. C’est une espèces sylvatique, sciaphile (et non photophile à héliophile comme les deux précédentes), plutôt acidiphile, que l’on observe habituellement sur les talus frais et ombragés, parfois en épiphyte comme P. interjectum, rarement vieux murs. Biogéograhiquement, c’est une espèce Eurasiatique tempérée et froide. Contrairemnet aux deux précédentes espèces, c’est une espèce tétraploïde.

Enfin, notons l’existence de l’hybrique (= P. interjectum Shivas x P. vulgare L.) : P. X mantoniae Rothm. qui serait plutôt un taxon assez répandu en compagnie des parents et décelable à ses spores avortées ; il est donc à rechercher.

A rechercher aussi l’hybride entre P. cambium L. et P. interjectum Shivas, mais je ne le connais pas donc…

Phytosociologiquement, ces taxons font partis du Centrantho rubri – Parietarion judaicae Rivas-Martinez 1960 ex 1969, correspondant à des végétations secondaires eutrophes (Classe des ASPLENIETEA TRICHOMANIS Braun-Blanquet in Meier & Braun-Blanquet 1934, correspondant à une végétation hémicryptophytique chasmophytique, non halophile, des murs & parois rocheuses).

Notons aussi que selon la Phytosociologie synusiale intégrée (PSI), P. vulgare appartiendrait à l’association du Luzulo pilosae – Pteridietum aquilini de Foucault, correspondant à une synusie herbacée sciaphiles intra forestières, mésophiles. à méso-hygrophile, à tendant oligotrophe à mésotrophe sur moder et moder-mor (ordre des Luzuletalia sylvaticae Gillet 1986).

Polypodium

Diagnose : Polypodium interjectum / vulgareAnneau de déhiscence à (4-)7-9(-13) / (7-)10-14(-17) cellules… Ces cellules 28-35 x 76-86 / 22-28 x 60-80 µm. Entre l’anneau de déhiscence et le pédicelle : 2-3 / 1 cellule


Mise en garde en terme de conclusion

Je vous conseil la prudence, en regroupant P. vulgare et P. interjectium sous le titre de Polypodium gr. vulgare L. espèce rencontrée en lisières forestières (dont les talus), vieux murs, parfois épiphyte sur de vieux arbres. Pourquoi ? : en l’absence de sporanges bien développés, ces deux espèces ne peuvent être distinguées avec certitude (Caractères macroscopiques insuffisants pour la détermination – auct. H. Nielsen & J.I. Johnson – Nor1.

De ce fait lors des programmes d’atlas dont celui de Bretagne par le CBN de Brest, de nombreuses données, même récentes, devraient porter sur le groupe vulgare sans distinction du rang spécifique.

Ainsi pour exemple dans le bassin parisien, aquitain et massif armoricain la distribution et la fréquence de ce deux taxons restent donc à préciser.


Source :

  • BARDAT J., BIORET F., BOTINEAU M., BOULLET V., DELPECH R., GÉHU J.-M., HAURY J., LACOSTE A., RAMEAU J.-C., ROYER J.-M., ROUX G. et TOUFFET J., Prodrome des végétations de France,
  • JULVE P., Synopsis phytosociologique de la France (communautés de plantes vasculaires),
  • LAMBINON J., DELVOSALLE L., DUVIGNEAUD J., Nouvelle flore de la Belgique, du Grand-Duché de Luxembourg, du Nord de la France et des Régions voisines,
  • RICH T.C.G. et JERMY A.C., Plant crib 1998,
  • http://www.bsbi.org.uk/html/plant_crib.html.

Clichés : Gaby AR BRAZ – APN Canon G9 – Ecosystema.fr ©

CC BY-NC-ND