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Pollution d’Erika

Pollution pétrolier "Erica" Total Fina, Plage de Priac sur mer, 23/12/99

Cette photo à été prise sur une plage bretonne, ou pollution et sable siliceux se belle avec … esthétisme !

Bref, l’Erika est un pétrolier battant pavillon maltais (pavillon de complaisance) construit en 1975 et affrété par la société Total, qui a fait naufrage le 12 décembre 1999 au large de la Bretagne, lors d’un transport de 30 884 tonnes de fioul lourd en provenance de Dunkerque et à destination de Livourne (Italie).

L’armateur était l’Italien Giuseppe Savarese. La gestion technique était assurée par la société Panship. La société de classification (chargée des contrôles) était la société RINA (Italie).

Le 25 septembre 2012, la société Total SA, la société RINA et deux particuliers ont été condamnés par la Cour de cassation française pour ce naufrage.

Focus sur la pointe de Trévignon (voir photo le soir, un joyau breton), où habite mon frère, une occasion de reprendre l’article ci-après.

Pointe de Trévignon (29), 30/12/99
Trévignon (29), 1999

« Trégunc Impact inconnu C’est une balise malgré elle. Plus à l’ouest, les courants ont été plus tendres et l’hydrocarbure moins cruel. Ici, la balise masque mal sa détresse. Pas un mètre carré des 23 kilomètres de littoral n’a été épargné. Le pétrole y est vicieux. Insidieux. Pas de plaques tentaculaires, mais parfois des boules de pétanques molles. Pas de nappage chocolaté, mais souvent des billes façon noisettes.

Erika
Erika, 1999 – ©

Aujourd’hui, des hommes en treillis passent, tels des chercheurs d’or noir, le sable au tamis pour en minimiser la tacheter. «L’eau sera certainement propre, le sable aussi, enfin presque», dit Nathalie Deliou, de la Maison du littoral. Elle s’interroge: «On a perdu un temps fou, des problèmes de coordination, de gestion des bénévoles; tout le monde se sentait propriétaire du littoral. On a voulu aller vite, trop vite. On a voulu taire l’ampleur du désastre.» Ce qu’elle sait, c’est que l’impact sur la faune et la flore sera délicat à mesurer. «Il aurait fallu faire des inventaires.» Oublié, faute de crédit. Résultat: du non-sens, s’indigne un expert. «Imaginez un jardin avec des fleurs au milieu de pierres. Pour nettoyer, on enlève les pierres, et on écrase les fleurs. C’est ce qui s’est passé ici. On nettoie, parce que c’est dégueu visuellement, pas parce que ça salope la nature.» Nathalie Deliou n’est pas aussi raide. Face au chaos, le travail s’est chaotiquement organisé. Ainsi :

  1. Passer les plages au peigne fin;
  2. nettoyer partiellement des criques au micro-jet à haute pression;
  3. laisser des zones inaccessibles telles quelles, pour voir comment la nature gère la pollution.

C’est cette dernière tactique qui s’est décidée ­ involontairement ­, en face de la pointe de Trévignon, où s’étirent et se fragmentent les îles de Glénan. L’été, 120 000 plaisanciers s’y croisent; le printemps, des naturalistes s’y pressent autour d’un narcisse unique au monde. Le nettoyage vient tout juste de commencer. Le brut s’est liquéfié, a rampé sous les roches, a imprégné les rocs. «Les hélicos qui ont survolé les zones polluées croyaient que les îles avaient été épargnées», dit Nathalie Deliou. »


Source : Par Christian Losson et Matthieu Ecoiffier — 30 mai 2000 – Libération


Clichés : Gaby AR BRAZ – Velvia 50 iso – Ecosystema.fr ©

CC BY-NC-ND