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Mammifère à “raquette” : à la recherche du Castor Breton

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Le 1 juillet, à l’invitation de mon collègue Jérôme (thésard en écologie végétale) et guidé par un animateur de la SEPNB (Boris), nous avons remonté les traces du Castor Breton : Castor fiber. Cette sortie a aussi été l’occasion de se mettre dans la peau d’un castor ; en effet, du fait de fortes pluies, nous avons longé la rivière avec de l’eau jusqu’aux genoux ; expérience un tantinet humide !.

Me voilà donc à vous parler de Castor fiber, qui par son mode de vie, est un des acteurs importants de la gestion écologique des cours d’eau et un animal emblématique de la Bretagne.

Mais tout d’abord et même si nous n’avons pas vu cet hôte discret, c’est surtout un animal imposant, pour lequel un castor adulte mesure 110 à 120 cm de long, dont 20 cm pour sa queue plate, et qui pèse de 20 à 27 kg ; il est donc le plus gros rongeur d’Europe.

Ses pattes postérieures sont palmées, ce qui en fait un excellent nageur, et ses pattes antérieures lui permettent de tenir des petites branches lorsqu’il les ronge. Il se déplace donc principalement dans l’eau, dont il ne s’éloigne que rarement de plus d’une trentaine de mètres, et ne peut faire que de courtes distances sur la terre ferme.

De l’automne au printemps, il se nourrit de l’écorce de certains arbres, principalement des saules (Salix div. sp.) et des peupliers (Populus div. sp.). Ses coupes concernent en majorité des arbres de petit diamètre, proches de l’eau, et sont facilement reconnaissables grâce aux marques de dents sur le bois (voir cliché en tête).

Exclusivement végétarien, il se nourrit d’écorces d’arbres, de feuilles et de plantes herbacées qu’il trouve sur les quelques kilomètres de son territoire familial. Il est donc uniquement herbivore, et ne mange en aucun cas du poisson, contrairement à une fausse croyance.

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Il creuse de profonds terriers (parfois surmontés de huttes) au bord des eaux stagnantes ou courantes, dans les berges colonisées de buissons et d’arbres (= ripisylve).

Concernant la répartition du castor sur le bassin de la Loire et en Bretagne, elle découle des réintroductions effectuées. Tout d’abord, pour le bassin de la Loire et la Bretagne, 4 opérations de réintroduction officielles ont été réalisées de 1968 à 1996. Elles concernent le lâcher de 40 ou 41 castors d’origine Rhodanienne, ce qui représente près de 15% des opérations et lâchers totaux effectués en France. Les initiateurs de ces opérations étaient des associations de protection de la nature départementales ou régionales. En ce qui nous concerne, les opérations de réintroductions en Bretagne se sont déroulées de 1968 à 1971 pour 10 castors lâchés, sur l’Ellez en Finistère (29).

Si vous pensez avoir identifié la présence d’un (ou même en avoir « vu »), contacter le GMB (http://www.gmb.asso.fr) pour avoir confirmation, néanmoins, sans le voir, comment reconnaître la présence du castor avec certitude ?

Pour identifier sa présence, une prospection de terrain consiste en la recherche d’indices de présence du castor nombreux et variés. Certains caractérisent une présence permanente sur le site concerné, d’autres, une présence temporaire. De plus, chaque indice a une signification biologique (recherche de nourriture, établissement du gîte) ou éthologique (marquage du territoire par dépôt de castoréum). De ce fait, pris séparément, ils n’ont pas la même signification à l’égard de la présence du castor et permettent une graduation quant à la probabilité de présence d’un territoire.

Correspondance entre la nature des indices et le degré de présence d’un territoire :

Nature des indices (1) Degré de présence d’un territoire

  • Bois coupé sur pied Présence probable **
  • Bois coupé flottant Présence douteuse
  • Écorçage sur pied Présence probable *
  • Écorçage sur bois coupé Présence probable **
  • Écorçage sur racine Présence probable *
  • Réfectoire Présence probable **
  • Garde-manger Présence certaine
  • Accès de berge et/ou coulées Présence probable **
  • Griffades ou empreintes Présence probable *
  • Gîte principal Présence certaine
  • Gîte secondaire Présence probable **
  • Dépôt de castoréum Présence certaine
  • Barrage entretenu Présence certaine
  • Cadavre Présence douteuse

(1) : classés dans l’ordre de fréquence de découverte * et ** : importance relative des indices entre eux

Plus en détail nous pouvons distinguer les coupes ; sachant que durant l’automne et l’hiver principalement, le castor coupe le tronc ou les branches de certains arbres et arbustes, que ce soit pour se nourrir, ou pour avoir des matériaux pour ses constructions. Le castor s’attaque de préférence à des tiges de faible diamètre (5 à 8 cm, cas du cliché ci-dessus), ce qui ne l’empêche pas cependant d’abattre parfois des arbres moyens (10-15 cm, comme le montre le cliché ci-dessous), voire plus gros (jusqu’à 60 cm de diamètre) pour les essences à bois tendre (Populus div. sp. et Salix div. sp.  surtout). En outre, il n’opère ses coupes que dans une bande riveraine d’une trentaine de mètres de large sur chaque berge, et son activité est concentrée dans les dix premiers mètres.

Ces coupes sont facilement reconnaissables. Le castor coupe en effet les tiges en biseau, et les arbres plus gros en « crayon ». Les traces de dents sont très visibles à l’endroit de la coupe, et des copeaux caractéristiques sont souvent présents au pied des grosses souches fraîchement coupées.

Au printemps et en été, le castor se nourrit davantage de plantes herbacées, avec un régime extrêmement varié parmi les plantes habituelles des milieux humides.

Notons qu’il peut parfois s’attaquer à des plantes cultivées (blé, maïs), lorsque les champs sont proches de l’eau, mais ces dégâts sont rarement importants. Cependant, il est difficile d’attribuer avec certitude les coupes de ces plantes au castor, surtout si l’endroit est riche en gibier ou si le rat musqué est présent.

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Enfin il y a les constructions dont le présent article ne fait pas l’objet, citons toutefois les terriers, les terriers-hutte, la hutte et les barrages. Sur site nous avons observé un ancien terrier-hutte qui se présentait comme un tas de bois sur la berge, dissimulant en fait un trou dans celle-ci, percé par le castor lorsqu’il a creusé son terrier dans une berge trop basse. L’entrée est également sous le niveau de l’eau.

Notons enfin qu’en Bretagne, les individus constituent des noyaux de population isolés. Introduit entre 1968 et 1971, le castor est présent dans le Finistère sur le bassin de l’Ellez à l’amont du chaos de St Herbot. Dès 1997, quelques individus ont réussi à rejoindre le haut bassin de l’Aulne entre Poullaouen et Srignac. Cette population isolée de quelques dizaines d’individus demeure fragile (ONCFS, 2003).

Statut de l’espèce en Bretagne au vue de Natura 2000

  • Appelation : Mont d’Arrée centre et est
  • Statut : Site ou proposition de Site d’Importance Communautaire (SIC/pSIC)
  • Code : FR5300013
  • Superficie : 10887 ha

Description du site :


« Plus vaste ensemble de landes atlantiques de France et plus grand complexe de tourbières de Bretagne avec, en particulier, les landes et tourbières du Cragou (intérêt national), du Vergam, du Mendy, de Trédudon (tourbière ombrogène)etc. et la tourbière bombée du Vénec (réserve naturelle d’Etat). Les majeures parties des landes et des secteurs de tourbières sont des habitats naturels d’intérêt comunautaire prioritaires. La zone abrite en particulier l’unique zone du Grand Ouest et du secteur biogéographique atlantique (avec le cours moyen de la Loire) à Castor fiber. Elle accueille également l’essentiel des stations françaises de la Sphaigne de la Pylaie (espèce d’intérêt communautaire), plus de 90% de la population armoricaine de la Moule perlière (espèce d’intérêt communautaire), un important noyau de la population armoricaine de Loutre d’Europe. La présence suspectée (capture dans les années 1960-1970) du Vison d’Europe (Mustela lutreola), si elle était confirmée, ferait de la zone du Yeun Elez un site unique au sein de la Communauté européenne s’agissant de la présence conjointe de trois mammifères semi-aquatiques d’intérêt communautaire (vison, loutre, castor).

On notera également la présence de chaos rocheux à hyménophylles (fougère rare protégée au niveau national) sous habitat de vieille chênaie ombragée et humide. Le site abrite un patrimoine faunistique et floristique très important et diversifié:

* pour la flore, on ne compte pas moins de 10 espèces protégées à l’échelle nationale, 3 protégées à l’échelle régionael et 24 espèces inscrites à la Liste Rouge du Massif Armoricain.

* pour la faune, 6 espèces inscrites à l’annexe 4 de la directive Habitats, 12 espèces nicheuses et 11 espèces hivernantes inscrites à l’annexe I de la directive Oiseaux ainsi que 95 espèces (tout genre confondu) protégées à l’échelle nationale non inscrites aux directives.

Vaste ensemble de collines de grès armoricain (Ménez), d’affleurements de schistes et quartzites de Plougastel (Roc’h), recouverts de landes (et localement de boisements de résineux), abritant sur les pentes, talwegs et fonds de vallée des complexes tourbeux exceptionnels. »


(source : http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR5300013.html).

Voilà en quelques mots, des informations sur le castor breton. N’ayant toutefois pas accès à ma documentation (je rappelle plus de 1500 références), le présent texte est relativement général et s’est surtout appuyé sur deux références internet : celle de LAFONTAINE L. et la fiche espèce du cahier des habitats.


Sources :


Clichés : Gaby AR BRAZ – APN Canon G9 – Ecosystema.fr ©

Individu de castor fiber : Pro Natura, Mainini B. ©

CC BY-NC-ND