Close

Daldinia concentrica : un taxon de Fungi ou du charbon sur le Frêne mort ?

Tronc mort : hôte de l’individu obsevé

Généralités sur les Fungi (vern. : Champignons)

Les caractères biologiques de ce Règne (= Phylum) vivant, constitué par l’ensemble des Fungi sera traité dans un post à part (Source : RAMADE F.). Toutefois — en introduction — ces derniers représentent un ensemble vivant particulier par la suite de leur organothrophie (se dit d’un organisme qui tire son énergie du métabolisme d’un substrat organique — sucre, acide aminé, acide gras, etc.). Et, d’autres caractères qui leur sont propres et les séparent incontestablement du Règne des plantes auquel ils étaient — à tort — autrefois rattachés.

Ascomycètes

Les Ascomycètes* (voir Glossaire) se différencient des Basidiomycètes par le mode de formation des spores. Mais, on peut aisément les distinguer — dans la plupart des cas — par leurs formes axées autour deux structures de base :

  • les Discomycètes,
  • et les Pyrénomycètes.

Les Ascomycètes sont des Fungi dont les spores se forment dans des asques (du grec askos, outre), cellules fertiles en forme de sac ou de tubes, qui s’ouvrent ou se déchirent à maturité. Les carpophores (ascocarpes) sont en forme de disque, de cupule, d’urne ou de massues.
Certaines espèces prennent une forme plus irrégulière.

La plupart des Discomycètes (ascocarpes en forme de disque ou de coupe) sont minuscules, ne mesurant que quelques millimètres. Leur consistance est coriace, ils poussent sur des plantes ou des arbres morts.

Les pyrénomycètes ont la surface ponctuée sous la loupe par les ostioles (ouverture de faible diamètre permettant aux spores de s’échapper) des périthèces (ascome : sporophore des Ascomycètes) élémentaires.

Pyrénomycètes

Caractéristiques du groupe

La plupart de ces champignons sont si petits qu’ils n’intéressent que les spécialistes.
La principale caractéristique de ce groupe est de posséder un appareil fructifère de type périthèce s’ouvrant au sommet par un ostiole. À maturité, les spores sont éjectées par l’orifice du périthèce, où on les voit perler comme une goutte visqueuse. Elles peuvent être incolores, transparentes ou encore brunes ou noires.
Leur forme et leur taille sont également variables.
L’existence du périthèce, sorte de sphère renfermant les spores, les Pyrénomycètes sont considérés comme faisant partie des Ascomycètes évolués.

Espèces communes

Ce groupe est encore imparfaitement connu. Il comporte probablement plus de 1000 espèces.

Particularités

Les nombreuses espèces sont souvent difficiles à distinguer les unes des autres. C’est principalement l’aspect des spores* qui permet la détermination des espèces, ce qui exige l’aide du microscope.

Période de fructification

Les Pyrénomycètes sont présents toute l’année. Certaines espèces sont saisonnières, d’autres forment des carpophores qui restent des mois sans grand changement. À la différence des autres Fungi, ceux de ce groupe sont généralement plus nombreux au printemps ; où ils forment leurs carpophores après avoir décomposé les substances nutritives substrat durant l’hiver, en particulier pour les espèces poussant sur les tiges des végétaux.

Importance dans la nature

De nombreux Pyrénomycètes sont spécialisés dans la décomposition d’une ou plusieurs essences de plantes.

Nota bene : la plupart des végétaux de nos climats ont une ou plusieurs espèces de Pyrénomycètes spécialisées dans leur décomposition.

Importance pour l’homme

Il existe dans ce groupe des Fungi qualifiés de nuisibles pour l’homme. Le plus connu est Claviceps purpurea (vern. : Ergot du Seigle), qui a causé par le passé des intoxications très graves, voire mortelles (« mal des Ardents » ou « feu de saint Antoine »).

À la découverte d’un Pyrénomycètes

Qu’observer en premier ?

L’hyménium (ou hyménophore)

La base de la classification est la morphologie de l’hyménium. Il s’agit de la surface fertile du Fungi, lieu de production des spores.

Quand le Fungi est suffisamment différencié (présence de structure distincte : pied, chapeau, etc.), l’hyménium est la surface la plus complexe : elle peut se présenter sous la forme de lames, de plis, d’aiguillons, de tubes alignés, d’alvéoles, etc.
Pour les formes les plus simples, l’hyménium est soit externe, soit interne ; Dans les cas douteux, la vérification ne peut se faire qu’au microscope, mais l’expérience permet très souvent de deviner rapidement à quelle catégorie appartient un Fungi.

On imagine que la raison d’être du carpophore est de produire des spores. Chez les espèces supposées « évoluées », sa conformation s’oriente vers la production massive des spores (hyménium à surface multipliée par divers reliefs), soit vers la protection de l’hyménium (voiles, hyménium interne, etc.). Chez les espèces supposées « primitives », l’hyménium est lisse et exposé à l’air.

Diagnose (clé d’orientation générale)

  • Hyménium différencié
    • Fungi en coupe et formes diverses
      • Les Ascomycètes (on peut aisément les distinguer — dans la plupart des cas — par leurs formes axées autour de deux structures de base : l’Apothécie ou le Périthèce.
        • Périthèce (la surface est ponctuée sous la loupe par les ostioles des Périthèces).
          • Périthèces portés par une structure ligneuse ou charbonneuse
            • En boules,
              • Diamètre > à 1 cm, intérieur zoné concentriquement : Daldinia spp.

Daldinia concentrica (vern. : Daldinie concentrique)

Famille : Xylariaceae
Stroma (appareil portant plusieurs ascomes) volumineux, noir, à couches internes concentriques brillantes.
Description : périthèces à ostiole minuscule, sur un stroma globuleux, jusqu’à 7-8 cm de diamètre ou de longueur, brun rougeâtre puis noirâtre, lisse à finement ponctué, très ferme (cassante lorsqu’elle est trop vieille). Chair de consistance charbonneuse. Saveur et odeur non caractéristiques.
En coupe, on découvre des zones concentriques, brun sombre et gris argenté, brillantes. La couche externe porte les périthèces de l’année, bien visible en coupe.
Biologie, biochimie : cette espèce a fait l’objet de centaines d’études dans de nombreux pays. Elle produit de grandes quantités de pigments mélaniques dont la synthèse (« sentier biosynthétique ») produit deux dérivés du naphtalène qui sont nématicides
Saison : toute l’année.
Distribution : espèce commune en Europe occidentale et de vaste répartition.
Écologie : « colonisateur » des échantillons provenant de branches de Fraxinus excelsior recueillies dans l’ouest breton ont été étudiés. Deux caractéristiques notables étaient :

  • le nombre limité d’individus de D. concentrica dans les branches,
    les longueurs et les volumes de bois considérables qu’ils occupaient chacun.
  • Ce Fungi semble être un colonisateur primaire efficace chez certains feuillus.
  • Compétition : il est plus compétitif que beaucoup d’autres organismes qu’il élimine notamment dans le bois sec. Notons l’abondance de Trametes versicolore sur le tronc.
  • Vulnérabilité : il paraît plus vulnérable à l’humidité qu’à la sécheresse de son environnement.
  • Reproduction : la sporulation se fait de nuit. Les ascospores sont normalement rejetés à une distance horizontale de 1 à 1,2 cm (sans vent) à partir de stromas isolés.
  • Interactions avec le végétal : ce Fungi synthétise des composés benzéniques (binaphthyl, et dérivés de benzophénones) dont certains inhibent le développement des végétaux (le terme allélopathie est généralement employé pour décrire le processus par lequel l’organisme libèrent des composés phytotoxiques (allélochimiques) dans l’environnement du sol, ayant un effet nocif sur les organismes voisins et en empêchent la croissance d’autres). Ils pourraient le rendre compétitif vis-à-vis des algues et mousses s.l.
  • Les auteurs suggèrent que D. concentrica est un Fungi particulièrement xérophyte, capable grâce à une réserve d’eau de longtemps poursuivre sa décharge de spores « dans des conditions extrêmement sèches ».

Remarque : genre Daldina spp. facile à identifier ; il existe une petite vingtaine d’espèces en Europe.
Usages : ce Fungi peut être utilisé comme initiateur de feu, car sa structure permet la réception d’une étincelle. Une fois une braise allumée sur le champignon à l’état sec ou peu humide, elle se conserve longtemps et s’étend sur une bonne partie de la surface.


Sources bibliographiques personnelles :

  • Champignons de France et d’Europe occidentale – BON M. (1988)
  • Dictionnaire : Plantes & Champignons – BOULLARD B. (1997)
  • Ecologie des Champignons – DURRIEU G. (1993)
  • Guide des champignons – France et Europe – 4e édition – EYSSARTIER G. (2017)
  • Guide des champignons de France et d’Europe – COURTECUISSE R. (1994)
  • Les champignons dans la nature – 230 espèces et plus de 300 photographies couleurs in-situ – KNUDSEN H. & PETERSEN J. H. (2005)
  • Photo-guide des Champignons d’Europe – COURTECUISSE R. (2000)

Sources Wikipedia :

Photographies :

  • Gaby AR BRAZ Dirlem – Nikon D700 – Ecosystema.fr ™ ©
  • Gaby AR BRAZ Dirlem – APN Apple iPod Touch – Ecosystema.fr ™ ©
    • Les clichés ont été réalisés le 14 décembre 2021 dans un parc à proximité de Brest (Finistère).

Glossaire :

  • Ascomycètes : Fungi dont les spores prennent naissance dans un asque, cellule en forme de sac, contenant le plus souvent huit spores. C’est un imposant groupe de Fungi, mais certains sont si petits que l’on ne peut les étudier qu’au microscope. Dans ce « post » nous faisons une mise au point sur les Pyrénomycètes.
  • Spores : Elément reproducteur des Fungi. Elles sont formées sur les lamelles, dans les tubes, sur les aiguilles, dans les asques (Ascomycètes), les périthèces (Pyronomycètes), sur le chapeau des phalles, à l’intérieur du carpophore chez la vesse-de-loup. Elles sont microscopiques, mesurant de l’ordre de 0,01 mm de longueur, et peuvent avoir des formes variables, plus ou moins ovoïdes. Elles peuvent prendre différentes teintes, ce qui est un critère important, pour distinguer les espèces.

Leave a Reply