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Focus sur Oudemansiella mucida un Fungi (nom. vern. : Champignons) du doux nom de « Collybie » (vern. : C. muqueuse, C. visqueuse, Mucidule visqueuse, etc.)

Oudemansiella mucida sur souche de Fagus sylvatica

AVERTISSEMENT
Toute personne qui choisi de consommer des champignons le fait sous sa propre responsabilité. L’auteur de ce post ne se porte pas garant des effets des champignons sur chaque individu en particulier. Brest, le 3 novembre 2024.

Remerciements

Merci à « Chris » mycophile 🧐 et maman de Lila, sans qui, ce post n’aurait pas pu naître ; je la remercie pour m’avoir guidé depuis 2022, sur son territoire forestier d’enfance et distillé ses précieuses connaissances mycologiques, avec beaucoup de simplicité et passion retenue.

Généralités sur les Fungi

Les caractères biologiques de ce règne (= Phylum) vivant constituent l’ensemble des Fungi et seront traités dans un post à part. Toutefois – en introduction – ces derniers représentent un ensemble vivant particulier par la suite de leur organothrophie et d’autres caractères qui leur sont propres et les séparent incontestablement du règne des Plantae auquel ils étaient – à tort – autrefois rattachés.
Cette distinction faite, nous allons tenter de défricher progressivement la richesse des Fungi parmi les grands « groupes », observables dans leur milieu (ou habitat).

Rappel des grands groupes

Allez à la page ci-après pour plus de détails :
https://ecosystema.fr/index.php/2022/10/05/apercu-des-principaux-groupes-de-fungi-vern-champignons/
Dans un rappel synthétique, on distingue :

Les ascomycètes

Ils se différencient des basidiomycètes par le mode de formation des spores. Mais, on peut aisément les distinguer – dans la plupart des cas – par leurs formes axées autour de deux structures originelles : Discomycètes et Pyrénomycètes.
Les ascomycètes sont des Fungi dont les spores se forment dans des asques (du grec askos, outre), cellules fertiles en forme de sac ou de tubes, qui s’ouvrent ou se déchirent à maturité. Les carpophores (ascocarpes) sont en forme de disque, de cupule, d’urne ou de massues.

  • La plupart des Discomycètes (ascocarpes en forme de disque ou de coupe) sont très petits, mesurant seulement quelques millimètres. Leur consistance est coriace, ils poussent sur des plantes ou des arbres morts.
  • Les pyrénomycètes ont la surface, ponctuée sous la loupe, par les ostioles des périthèces.

Les Phragmo-Basidiomycètes

Les grandes espèces de ce groupe se distinguent par leur consistance gélatineuse ou caoutchouteuse, leur forme pouvant varier fortement. La plupart sont en forme de coussin, de cupule ou de croûte, mais elles peuvent aussi prendre une forme crépue, de langue, de massue, de gouttes, etc.
Sur le plan microscopique, ces Fungi se distinguent par des basides, cellules reproductrices, cloisonnées transversalement ou longitudinalement. Ces caractères sont spécifiques du groupe.

Les Polypores et autres Fungi du bois

  • Caractère déterminant : surface fertile généralement porée, parfois lamellée. Tubes non séparables de la chaire.
    On y retrouve tous les champignons à consistance de bois, de liège, de cuir, ou charnue, avec des pores, à l’exception des Boletaceae et Fistulina hepatica, mais souvent rattachées, pour des raisons pratiques, parmi les polypores.
    Les polypores se distinguent des Boletaceae par le fait que la couche de pores ou de tubes ne se détache pas facilement de la chair du chapeau. Par ailleurs, ils poussent la plupart du temps sur le bois, tandis que tous les Boletaceae se développent au sol, à une exception près, très rare. Ceux qui poussent au sol sont en revanche assez rares.
    Certains champignons du bois revêtent des formes de croûtes, de peau ou de toile, formant une couche fine, blanche ou colorée, sur les troncs, les branches ou les sources des arbres.
    Ce groupe comporte les formes les plus primitives de grands Fungi. C’est le seul groupe où l’on trouve des basides (cellules reproductives) qui produisent plus de quatre spores, c’est-à-dire 6 ou 8. Huit est le nombre normal de spores pour les ascomycètes.

Les Fungi charnus à tubes (Boletaceae) et espèces proches

  • Caractère déterminant : Fungi charnus, putrescibles, à pied et chapeau distincts. Surface fertile à tubes distincts de la chair, séparables chez l’adulte.
    Ce groupe renferme tout d’abord les espèces Botelus div. sp., mais depuis quelques années, les scientifiques se sont aperçus que d’autres groupes pouvaient être rattachés aux Boletaceae, même en l’absence de tubes.

Les russules et lactaires

Ce groupe se compose depuis des années de ces deux genres, qui se distinguent des autres Fungi à lamelles par le fait que la chair est très riche en cellules sphériques (sphérocystes). Lorsqu’on casse un pied de ces Fungi, il a tendance à se casser net, tandis que les autres Fungi à lamelles se cassent en longues fibres.
De plus, les lactaires sécrètent un « lait » (latex) qui s’écoule quand on le casse.
Les Russules se reconnaissent souvent à leur taille, à leurs couleurs vives, avec des lamelles blanchâtres ou jaunâtres.
Nota Bene : Toutes ces espèces poussent toujours en relation avec les arbres.

Et, enfin, les Fungi lamellés

Dans ce grand groupe, on y distingue :

  1. Sporée blanche à jaune pâle (Ex. Amanita spp., Clitocybe spp., Macrolepiota procera, Pleurotus ostratus,  Tricholomes spp.) > on y distingue les lames libres et les lames non libres (« ensemble » des Tricholomes spp.)
  2. Sporée rose à brun rose > on y distingue les lames libres (chapeau jamais conique) et les lames non libres ou à chapeau conique (« ensemble » des  Entoloma div. spp.),
  3. Sporée sombre à noire > on y distingue les taxons éphémères ou déliquescents (Coprinus spp.) et les taxons charnus non déliquescents (Agaricus spp. et autres…),
  4. Sporée brun-jaune à brun tabac > on y distingue les lames très décurrentes, molles et séparables (paxillus spp.) et les lames non ou peu décurrentes, rigides ou cassantes, non séparables.

Description du taxon du jour : Oudemansiella mucida (syn. : Mucidula m.)

Classification

Règne : Fungi
Division : Basidiomycota
Classe : Agaricomycetes
Sous-classe : Agaricomycetidae
Ordre : Agaricales
Famille Physalacriaceae
Espèce Oudemansiella mucida (Schrad. ex Fr.) Höhn. 1910

On reconnaît cette espèce à son chapeau tout blanc d’une viscosité extrême, qui lui donne presque l’apparence de la pierre polie, à son petit anneau blanc également mucilagineux, à son habitat presque exclusivement sur Fagus sylvatica blessé, qu’elle colonise souvent en troupes innombrables et très serrées

Oudemansiella mucida est une espèce de champignons basidiomycètes que l’on rencontre souvent en automne, en touffes ou en petits groupes sur les troncs de Fagus sylvatica vivants ou morts. Comme leur nom l’indique, ces champignons sont recouverts d’une couche de mucus.

Description

Le chapeau (3-10 cm) est blanc, éventuellement nuancé de gris/beige très pâle à petites rides, d’abord hémisphérique (convexes) lorsqu’il est jeune, baveux à visqueux (que l’on peut qualifier d’exceptionnelle ; il est presque impossible de le saisir entre les doigts tant il est glissant entre les doigts à la prise), il s’étale en vieillissant, la marge est translucide. Les lames sont horizontales, de couleur blanche avec une arête brunâtre, échancrées, larges et molles ; elles sont arrondies et espacées. Le stipe est blanc, sale et gluant (3-8 × 0,5-1 cm) compressible, souvent courbé et fréquemment renflé (= épaissi) à la base, portant un anneau blanc à petites cannelures, souvent gris-blanc dans sa partie inférieure (= infère) assez haut, membraneux et relativement ample puis oblitéré. La chair est très mince, élastique, sans odeur ni saveur particulière.

Saison

Août – novembre

Habitat

Il pousse, de la fin de l’été à l’automne et même parfois assez tard dans la saison en Finistère par faibles gelées, sur le bois des feuillus (particulièrement sur Fagus sylvatica) vivants (plus rarement) ou morts (essentiellement), affaiblis par une cassure ou une blessure (orage ou tempête par exemple) ou sur ceux qui sont récemment tombés (le cas du massif forestier chez Chris).

Distribution

Large dans l’aire de Fagus sylvatica.

Aire de Fagus sylvatica (European Beech) et Fagus orientalis (Oriental Beech). Subspecies. Fagus sylvatica (vert) Fagus orientalis (syn. F. sylvatica subsp. orientalis) (Orange). Introduit et naturalisé▲

Statutaire (COURTECUISSE R. – 2024)

CC-AR


Sources bibliographiques personnelles :

Ouvrage de référence :

  • Guide des champignons – France et Europe – 4ᵉ édition – EYSSARTIER G. (2017),
  • Guide des champignons de France et d’Europe – 4ᵉ édition – COURTECUISSE R. (2024).
    Autres ouvrages consultés :
  • Champignons de France et d’Europe occidentale – BON M. (1988)
  • Dictionnaire : Plantes & Champignons – BOULLARD B. (1997)
  • Ecologie des Champignons – DURRIEU G. (1993)
  • Le champignons, allié de l’arbre et de la forêt – PICARD G. (coord.) (2015)
  • Les champignons dans la nature – 230 espèces et plus de 300 photographies couleurs in situ – KNUDSEN H. & PETERSEN J. H. (2005)
  • Photo-guide des Champignons d’Europe – COURTECUISSE R. (2000)
  • www.wikipedia.org

Crédit photographique :

  • Gaby AR BRAZ Dirlem – Nikon D700 – Ecosystema.fr ™ ©
  • Gaby AR BRAZ Dirlem – OM « Tough » TG-7 – Ecosystema.fr ™ ©
  • Jerome Mathey – Hanna KLEINE-WEISCHEDE

Crédit iconographique :

Guide des champignons — Pictogrammes de BOUDOU J.-M. (2007) aux éditions Reader’s Digest.

Autres sources :

Glossaire :

  • Ascomycètes : Fungi dont les spores prennent naissance dans un asque, cellule en forme de sac, contenant le plus souvent huit spores. C’est un très grand groupe de Fungi, mais certains sont si petits qu’on ne peut les étudier qu’au microscope. Dans ce « post » nous avons réuni les deux dans un même groupe (soit avec les Pyrénomycètes).
  • Basidiomycètes : Fungi produisant leurs spores à l’extérieur de la cellule fertile, nommée baside. Les basides généralement en forme de massue, produisent le plus souvent quatre spores par baside et sont formées par millions sur les faces des lamelles. En grande partie, les Fungi traités en font partie, à l’exception des Ascomycètes et des Pyrénomycètes.
  • Carpophore : partie visible du Fungi, que nous appelons communément « champignons ». Le reste du Fungi est sous la terre, et porte le nom de mycélium. Nous lui préférons toutefois le terme de sporophore.
  • Hyménium : surface fertile des Fungi. Par abus de langage, concerne également la structure supportant cette surface (lames, tubes, etc.), dont le nom exact est Hyménophore.
  • Lame, lamelle : élément de l’hyménophore des Fungi agaricoïdes. Sous forme de feuillets rayonnants du centre vers la marge. Elles peuvent avoir différentes couleurs, souvent masquées, à maturité, par la teinte des spores. Les spores, qui se forment sur les lamelles, peuvent avoir une teinte différente de ces dernières.
  • Mycélium : partie du Fungi qui pousse dans la terre. Il est formé d’hyphes. Par ailleurs, il forme un réseau finement ramifié, comme une toile d’araignée, permettant au Fungi d’absorber de l’eau et des nutriments sur une grande surface. Le mycélium constitue environ les neuf dixièmes du Fungi, le reste étant le carpophore.
  • Mycorhize : relation symbiotique entre un Fungi et une plante. Les hyphes des Fungi se développent sur des racines de l’arbre, et les deux organismes peuvent faire des échanges d’eau et de substances nutritives.
  • Spores : élément reproducteur des Fungi. Elles sont formées sur les lamelles, dans les tubes, sur les aiguilles, dans les asques (Ascomycètes), les périthèces (Pyronomycètes), sur le chapeau des phalles, à l’intérieur du carpophore chez la vesse-de-loup. Elles sont microscopiques, mesurant de l’ordre de 0,01 mm de longueur, et peuvent avoir des formes variables, plus ou moins ovoïdes. Elles peuvent prendre différentes teintes, ce qui est un critère important, pour distinguer les espèces.

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