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Bryophytes en Finistère : 1 – Kindbergia praelonga (Hedw.) Ochyra, 1982

Bryophytes en Finistère : 1 – Kindbergia praelonga (Hedw.) Ochyra, 1982 – 17 janvier 2025

Préambule

C’est dans un nouveau contexte, toujours difficile à réaliser (pour des raisons de santé), que je poursuis ma reprise des Bryophytes, 20 ans plus tard. Je progresse très lentement : dans un rapport au temps, où je tente de favoriser la contemplation, plus qu’une inextinguible recherche de savoir. Bref, je prends mon temps.
Afin de poursuivre ma démarche en traitant un taxon (objectif 50 taxons ! Merci à Gaëtan pour son éclairage ^^) sur les 200 espèces communes du Finistère. Je précise que depuis ma reprise de la discipline en 2022, je me suis équipé d’un appareil photographique OM TG7 (le TG6 ayant rendu l’âme) et d’un microscope BRESSER LCD ; l’apport, dans la forme, est notable avec de meilleurs clichés macroscopiques (Rapport 1/1) et « microscopique » (x50).

Localisation des observations

L’essentiel des observations, ont été faites sur la commune (et ses environs) de la Roche-Maurice en Finistère (département du 29, en Bretagne).
La commune abrite une forte diversité d’espèces de Bryophytes et de Marchantiophytes qui se répartissent dans des niches écologiques bien distinctes les unes des autres. Elle fut bien prospectée depuis le XIXe siècle (source : CBN Brest). Plusieurs espèces, non-revue depuis cette période, seraient à rechercher de nouveau (com. pers. 2023).

Géologie du Finistère

Le site sur la commune de la Roche-Maurice, sur lequel, le taxon a été observé, prend place sur un affleurement et de Quartzite.

Le (ou la) quartzite est une roche siliceuse massive, constituée de cristaux de quartz soudés. Il présente une cassure conchoïdale. Sa couleur est généralement claire.
Il existe deux types de quartzite :

  • le quartzite métamorphique (ou métaquartzite), issu de la recristallisation d’un grès, d’une radiolarite ou d’un filon de quartz ;
  • le quartzite sédimentaire (ou orthoquartzite), issu de la cimentation par diagenèse d’un grès.

La différenciation entre ces deux types est impossible avec un seul échantillon.

Kindbergia praelonga (Hedw.) Ochyra, 1982

Caractère du genre (en anglais)

(UK) Stem leaves broad, squarrose, strongly decurrent, strongly differentiated from branch leaves. Capsules strongly inclined to horizontal, narrower than in other genera of the family. A small genus of (7)8 species (une espèce en France)

Derivation : Named after Nils Conrad Kindberg (1832–1910), a Finnish bryologist.

Synonymes

Eurhynchium praelongum (Hedw.) Schimp., E. praelongum var. stokesii (Turner) Dixon, E. stokesii (Turner) Schimp., Oxyrrhynchium praelongum (Hedw.) Warnst., Stokesiella praelonga (Hedw.) H. Rob.

Classification hiérarchique

  • Règne : Plantae
    • Classe : Equisetopsida
      • Clade : Bryophyta
        • Sous-Classe : Bryidae
          • Ordre : Hypnales
            • Famille : Brachytheciaceae

Identification (Source in 1 – se référer à la bibliographie)

(UK) Kindbergia praelonga has regularly branched, pinnate shoots, typically 1–3 cm long, which are more or less triangular. Robust woodland forms have bi- to tripinnate branching patterns and are larger. The most important character is the very marked difference in shape between the stem and branch leaves. Stem leaves are 1–1.5 mm long, triangularly heart-shaped, with a fine, elongated tip which often turns outwards ; they are widest just above the base, but narrow abruptly to clasp and run down the stem a little distance in the form of narrow wings. The leaves at the shoot tip are crowded and spread outwards, thus the tip may appear star-shaped from above. Branch leaves are about 1 mm long, egg-shaped, with a shorter tip and without an obviously clasping base. The leaves are finely toothed and have a single nerve. Capsules (about 2 mm long) have a beaked lid and are fairly « frequent, especially in woods.

Kindbergia praelonga (Hedw.) Ochyra, 1982
ATHERTON I, BOSANQUET S. & LAWLEY M. – 2010 – Mosses and Liverworts of Britain and Ireland

Diagnoses (Source in 3)

Gamétophore feuillé ⇒
⇒ Gamétophore jamais hétérophylle (tous les rangs de phyllidium similaires ; pas d’amphigastres) généralement à symétrie axiale (sauf chez les Bryophytes complanées) ; phyllidium (= feuilles) non lobée et souvent munie d’une costa (= nervure) ; rhizoïdes pluricellulaires (à cloisons obliques) ; cellules souvent longues et sans trigones ; cellules sans oléocorps ; présence d’un sporophyte persistant (durée de vie plusieurs mois), à soie raide et opaque, naissant d’un bouquet de phyllidium plus ou moins différenciées ; capsule indéhiscente ou déhiscente au moyen d’un opercule ; présence éventuelle d’un péristome ; élatères absents ; calyptra persistante, coiffant le sporophyte (apparaissant comme un bonnet à l’apex de la capsule) :

  • Bryophytes s.s.
    • Bryophytes à rameaux non fasciculés ; rameaux non agglomérés au sommet de le caulidium en capitulum (Sphagnum spp.)
      • Bryophytes à port non dendroïde
        • Bryophytes n’apparaissant pas, aplaties dorso-ventralement
          • Bryophytes ne présentant pas de poil hyalin à l’apex
            • Bryophytes à caulidium, plus ou moins ramifiées et dont le sporophyte est porté par des rameaux latéraux très-court
              • Bryophytes pleurocarpes
  • ⇒ Bryophytes pleurocarpes
    • Caulidium 2-3 fois pennées
      • Bryophytes sans paraphylles (arracher des phyllidium caulinaires et observer le caulidium à l’état sec) ; phyllidium caulinaires cordées et longuement décurrentes sur le caulidium.
        • Kindbergia praelonga (Hedw.) Ochyra, 1982

L’aspect de la station (faciès)

Ici, nous nous intéressons à l’aspect de la communauté (= peuplement) végétale dominée physionomiquement par le taxon (ou un faible nombre de taxons).
C’est un taxon formant des tapis étendus et assez lâches composés de caulidium plus ou moins régulièrement pennés, d’environ (1-3) 5-7 cm de long. Plante de couleur verte (à jaunâtre) sans reflet brillant.

Kindbergia praelonga (Hedw.) Ochyra, 1982

Critères d’identification (habitus)

Ici, nous mettons en avant, l’allure générale, son aspect anatomique.
On note une forte différenciation des phyllidium, caulinaires et raméales : anisophyllie.

En effet bien que Kindbergia praelonga puisse ressembler à un certain nombre d’autres pleurocarpes communs vivant dans le sol, il est en fait assez simple de confirmer son identité.
À l’aide d’une loupe (10 x), comparez les feuilles qui poussent sur la tige principale (= culinaire) avec celles qui poussent sur les branches (= raméales). S’il s’agit de Kindbergia praelonga, vous devriez facilement voir des différences :

  • (i) de taille,
  • (ii) de forme,
  • et (iii) d’orientation.

Les feuilles de la tige sont beaucoup plus larges que les feuilles des branches et serrent la tige à la base. Lorsqu’elle est humide, la partie supérieure des feuilles caulinaires se recourbe vers l’arrière, ce que ne font jamais les feuilles caulinaires plus petites.

Confusion possible

Avec d’autres membres de l’ancien genre Eurhynchium spp. Cependant, ne montre pas une différenciation du phyllidium caulinaires/raméales aussi nettes.

Écologie

Espèce des milieux forestiers « frais », souvent sombres, hygrocline (signifiant « qui a un penchant pour » ou « vers » l’humidité) à hygrophile, neutrophile.
On rencontre les populations sur l’écorce d’arbre vivant (= corticole, lignicole) de même que sur des rochers (= saxicole, épilithique).

Kindbergia praelonga est l’une de nos espèces les plus tolérantes à l’ombre et c’est parfois la seule mousse que l’on trouve sur le sol sous les broussailles denses, en particulier là où les sols sont enrichis.

Conclusion

Kindbergia praelonga (Hedw.) Ochyra, 1982

Kindbergia praelonga est une mousse commune et facile à reconnaître grâce à son aspect plumeux et surtout une forte différenciation des phyllidium (feuilles), caulinaires et raméales (= anisophyllie). Elle affectionne les endroits « Frais » et ombragés et joue un rôle écologique non négligeable. Si vous vous intéressez aux mousses, pensez à observer cette espèce lors de vos promenades en nature.

Par ailleurs, j’espère que ces informations vous auront été utiles !


Photographie

  • Gaby AR BRAZ Dirlem – OM Tough TG7 – Ecosystema.fr ™ © – 2024
  • Gaby AR BRAZ Dirlem – Nikon D700 – Ecosystema.fr ™ © – 2023
  • Gaby AR BRAZ Dirlem – Bresser LCD — Ecosystema.fr ™ © – 2025
Sporophytes (capsule et soie) et gamétophytes de Kindbergia praelonga

Bibliographie :

  1. ATHERTON I, BOSANQUET S. & LAWLEY M. – 2010 – Mosses and Liverworts of Britain and Ireland – A fild guide – Plymouth – British Bryological Society – 848 p. 1
  2. HUGONNOT V. & LEICA CHAVOUTIER J. – 2024 – Les Bryophytes de France – Pleurocarpes et Sphagnales – Mèze – Biotope – 736 p.
  3. HUGONNOT V., CELLE J. & PEPIN F. – 2017 – Mousses et Hépatiques de France – Manuel d’identification des espèces communes – 2ème édition enrichie – Mèze – Biotope – 320 p. 3
  4. JAHNS H.M. – 1989 – Guide des fougères, mousses et lichens d’Europe – Lausanne – Delachaux & Niestlé – 257 p. 4
  5. LEICA CHAVOUTIER J. – 2016 – Bryophytes sl. : Mousses, hépatiques et anthocérotes / Mosses, liverworts and hornworts. Glossaire illustré / Illustrated glossary – Inédit (= non publié) – 179 p. 2
  6. SMITH A. J. E., With illustrations by R. Smith & Additional illustrations by Smith A. J. E. – 2004 – Moss Flora of Britain and Ireland – Second edition – Cambridge – Cambridge University Press – 1012 p. 5
  7. VERNON WATSON E. & RICHARDS P. – 1981 – British mosses and Liverworts – An introduction Work, with full descriptions and figures of over 200 species and key for the identification of all except the very rare species – Third edition – Cambridge – Cambridge University Press – 519 p. 6

Source Internet

Glossaire 2 :

  • anisophylle : anatomie – relatif à une plante dont les feuilles caulinaires sont différentes des feuilles raméales.
  • auteur(s) : nomenclature/taxinomie/systématique – nom du (ou des bryologues) (parfois en abrégé) ayant contribué à l’histoire taxonomique et nomenclaturale du taxon.
  • biotope : habitat/écosystème – ensemble des conditions physiques, chimiques et climatiques du milieu.
  • bryophyte : nomenclature/taxinomie/systématique – plante appartenant au phylum Bryophyta.
  • caractère : anatomie – indice, critère (caractère anatomique).
  • caule : chez les mousses, structure qui a la fonction de la tige (on dit aussi caulidium) ; terme repris par l’auteur.
  • chorologie : chorologie – répartition géographique des espèces.
  • cladistique : nomenclature/taxinomie/systématique – science de la comparaison des taxons.
  • corticole : stratégie de vie – qui croît sur l’écorce d’un arbre vivant.
  • costa (= nervure) relatif à une feuille : bande épaissie et différenciée qui sépare la feuille dans le sens longitudinal.
  • diagnose : nomenclature/taxinomie/systématique – définition des caractéristiques propres à une espèce.
  • épilithique : stratégie de vie – qui croît à la surface du rocher.
  • espèce : nomenclature/taxinomie/systématique – subdivision d’un genre et rang élémentaire du système taxonomique.
  • faciès : anatomie – aspect d’une communauté végétale dominée physionomiquement par un taxon ou un faible nombre de taxons.
  • feuille caulinaire : anatomie – feuille insérée sur la tige.
  • feuille raméale : anatomie – feuille insérée sur un rameau.
  • gamète : cellule sexuelle à n chromosomes (anthérozoïde, oosphère).
  • gamétophore : structure qui porte les gamètes
  • habitat : habitat/écosystème – station écologique d’une espèce, lieu de vie.
  • habitus : anatomie – allure générale, aspect, port.
  • lignicole : stratégie de vie – qui croît sur du bois.
  • limbe : anatomie – partie du thalle ou partie du phyllidium (= feuille) distincte de la costa (= nervure).
  • lithophyte : stratégie de vie – plante des substrats rocheux.
  • localité : chorologie – situation géographique de l’emplacement du végétal.
  • morphologie : anatomie – forme et aspect de la plante.
  • mousse : nomenclature/taxinomie/systématique – plante appartenant à la division Bryophyta (ou à la classe Bryopsida).
  • niche écologique : habitat/écosystème – place occupée par une espèce dans un écosystème.
  • nomenclature : nomenclature/taxinomie/systématique – terminologie, ensemble codifié des termes utilisés pour la dénomination des espèces.
  • océanique : chorologie – des régions de l’ouest de l’Europe tempérée caractérisées par des hivers doux, à modérés.
  • peuplement : forme de vie – ensemble d’individus.
  • phylum : nomenclature/taxinomie/systématique – subdivision d’un règne (synonyme : embranchement).
  • pionnier : stratégie de vie – relatif à une plante : qui commence à coloniser une zone nue.
  • phyllidium (= feuille) : feuille chez les bryophytes quand on considère que le terme « feuille » est impropre ; ce terme est repris par l’auteur.
  • pleurocarpe : mousse dont le sporophyte se situe à l’apex d’un rameau très court portant des feuilles modifiées ; ce type de rameau prend naissance latéralement pour que le sporophyte apparaisse latéral.
  • raméal : anatomie – relatif à une feuille : insérée sur un rameau, une branche.
  • règne : nomenclature/taxinomie/systématique – le plus haut niveau de classification des espèces.
  • rhizoïde : anatomie – filament (pluricellulaire chez les mousses et unicellulaire chez les hépatiques) fixateur situé généralement à la base de la tige ou du thalle.
  • saxicole : stratégie de vie – qui croît sur des rochers.
  • sensu lato (s.l.) nomenclature/taxinomie/systématique – au sens large, le plus étendu du terme.
  • sensu stricto (s.s.) : nomenclature/taxinomie/systématique – au sens strict, restreint.
  • sporophyte : anatomie – génération diploïde des bryophytes ; plus communément désigne le porteur de spores.
  • station : habitat/écosystème – ensemble des paramètres écologiques du lieu de vie des plantes.
  • substrat : support.
  • sylvicole : stratégie de vie – qui croît en forêt.
  • systématique : nomenclature/taxinomie/systématique – classification des taxons.
  • tapis : forme de vie – relatif à un port : tiges entremêlées, à croissance horizontale.
  • taxon : nomenclature/taxinomie/systématique – toute entité décrite, quels que soient son rang et sa valeur effective.
  • tempéré : chorologie – des régions comprises entre les tropiques et les cercles polaires.
  • tige : anatomie – terme impropre en bryologie, mais largement utilisé pour « caulidium ».

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